Un cas d’école en Bourgogne
Aux quatre coins du monde, les cultures de vin, de riz, de café, de thé, ont généré des paysages, des architectures, des savoir-faire qui peuvent être désormais protégés par des conventions ou labels internationaux. L’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco est la plus connue.
Exemplaire et fortement soutenue par la population locale, la démarche des Climats de Bourgogne s’est attachée à préserver un savoir-faire viticole et tout ce qui lui est lié, aussi bien les carottes de vigne que le prestigieux clos de Vougeot.
Elle combine une série de spécificités que l’on ne retrouve nulle part ailleurs : une production agriculturelle à haute valeur ajoutée (de grands vins vendus sous AOP partout dans le monde), des monuments historiques (Palais des ducs de Bourgogne à Dijon, Hospices de Beaune…), et des éléments vernaculaires tels que les murets et cabottes.
C’est un cas d’étude extraordinaire pour la fabrication du patrimoine et les économies de terroir, une notion nouvelle. Le patrimoine est en effet fabriqué. Il n’existe pas naturellement. C’est le regard extérieur et l’intérêt qui lui est porté, qui le fait naître. On le fait apparaître au travers d’études, de colloques ainsi que via l’engagement d’une communauté et d’un territoire.
Combiner différentes reconnaissances
Le patrimoine peut être un instrument de développement et il peut aider les sociétés à se ressaisir des ressources naturelles de leur territoire.
Différents types de labellisation peuvent contribuer à sa valorisation : AOP/IGP, inscription à l’Unesco (très recherchée), reconnaissance par la FAO (systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial).
En combinant les différentes reconnaissances, il est possible de créer un système vertueux qui aura des impacts positifs, économiquement et socialement, à condition que les populations locales en gardent la maîtrise.
C’est la voie qui a été choisie pour conserver les particularités et les richesses de produits bien ancrés dans leur territoire : le café de Colombie, le chapeau conique du Vietnam ou encore les beignets de calamar de la baie d’Along, etc.
Les champs de bataille aussi !
Longtemps réservée aux grands sites archéologiques ainsi qu’aux monuments chrétiens, la réflexion patrimoniale s’est élargie depuis les années 1990 aux grands sites paysagers (La pointe du Raz), industriels (bassin minier), et historiques. Il est aussi question d’inscrire les champs de bataille de la Première Guerre au patrimoine mondial de l’Unesco.
Isabelle Anatole Gabriel a coordonné l’écriture de l’ouvrage « La valeur patrimoniale des économies de terroir comme modèle de développement humain. » Il rassemble vingt-trois exemples de production de terroir différents. Ce livre présente une réflexion sur les synergies entre préservation du terroir, bénéfices économiques, culturels, environnementaux tirés de ces productions.