La semaine a été marquée par deux événements de nature à soutenir les prix, l’un portant sur le blé, l’autre sur le maïs.

Du blé français vendu à l’Égypte

Sur le marché du blé, c’est l’Égypte qui, de nouveau, fait parler d’elle. Pour son troisième achat du mois, elle vient de contracter 535 000 tonnes le 28 février. Il s’agit d’un gros volume acheté en une seule fois – les précédents achats portaient sur des quantités plus proches de 300 000 ou 400 000 tonnes. Par ailleurs, après le marasme du début de campagne dû aux exigences impossibles à tenir d’un taux d’ergot à zéro, – exigence levée désormais -, c’est la rapidité à laquelle le Gasc (l’office d’achat étatique) engrange maintenant ses achats qui frappe. Cet organisme a déjà acheté 2 millions de tonnes de blé depuis le début de 2017, soit en deux mois, alors qu’il n’avait acheté que 3 millions de tonnes au cours du second semestre de 2016. Rattrapage donc rendu possible par l’accroissement du budget alloué aux importations par le Gasc (pour compenser l’effondrement de la livre égyptienne), d’une part, et par les remaniements à la tête des ministères contrôlant les importations de ce pays, d’autre part.

Enfin, outre les volumes en jeu, ce dernier achat égyptien concerne le marché français au plus haut point puisque le blé hexagonal remplit 120 000 tonnes du dernier achat, les autres origines restant russes, ukrainiennes et roumaines. À cause de la montée des prix russes depuis plusieurs semaines, soutenus par un rouble élevé et la forte demande égyptienne, les blés russes commencent à être de plus en plus « challengés » par les autres origines. La France peut-elle toutefois exporter de gros volumes à l’Égypte cette année ? Cela apparaît loin d’être acquis à cause de la qualité.

Rumeurs sur l’éthanol US

Sur le marché du maïs, ce sont surtout les rumeurs sur le marché de bioéthanol américain (US) qui ont fait grimper les prix. L’association des énergies renouvelables (RFA) a proposé que le taux d’incorporation de l’éthanol dans l’essence puisse grimper de 10 à 15 % en contrepartie de changements de l’organisation de la filière et de la responsabilité de ses maillons concernant le respect des mandats d’incorporation. Une augmentation des incorporations pourrait impliquer une plus forte demande en maïs et cela a fait grimper le maïs à Chicago à la fin du mois de février. Les rumeurs ont ensuite été démenties et les prix sont redescendus par la suite mais les maïs US ont quand même gagné 7 $/t sur la semaine. Cela s’est reporté aussi sur le marché français où les prix Fob Rhin ont pris 2,5 €/t à 175 €/t et ceux de la façade atlantique 1 €/t à 172,25 €/t.

Retour d’El Niño ?

Les prix du maïs français ont aussi grimpé à la suite des prix du blé meunier qui sont restés stables à Rouen mais ont gagné 2,5 €/t à La Pallice à 172,75 €/t, 3 €/t sur Euronext entre le 23 février et le 2 mars à 175 €/t pour l’échéance de mars. En plus de l’Égypte, les blés français ont subi l’influence de la hausse US liée à des craintes de sécheresse sur les plaines US. Ils ont aussi réagi à la publication par plusieurs organismes météorologiques d’une probabilité d’environ 50 % de l’avènement du phénomène El Niño pour la campagne qui arrive.

La tendance haussière du blé se reporte aussi sur l’orge fourragère qui gagne cette semaine un peu plus de 1 €/t à Rouen (à 146,75 €/t), poussant à sa suite l’orge de printemps qui gagne, elle, 2 €/t à 190 €/t Fob Creil.

Difficultés logistiques au Brésil font rebondir les prix du soja

Sur le marché de Chicago, les graines de soja ont vu leur prix remonter de 6 $/t cette semaine, les intempéries ayant perturbé les marchés. En effet, au Brésil des pluies diluviennes ont rendu la route reliant le centre-ouest du pays – cœur de la soy belt brésilienne – et les ports du nord-est du pays impraticable. Cette dernière n’est en effet pas encore entièrement goudronnée. Des milliers de camions transportant du soja ont été bloqués, retardant le chargement et le départ de dizaines de navires. En fin de semaine, une intervention d’urgence du gouvernement pour rétablir la continuité des transports a permis de rouvrir ce trajet aux transporteurs, mais la situation est encore précaire, de fortes précipitations étant attendues durant la semaine à venir.

Ces difficultés logistiques surviennent alors qu’un raz-de-marée de soja est sur le point d’arriver sur le marché mondial. La récolte du Mato Grosso est maintenant faite à 78 %, et l’IMEA confirme une production en hausse de 10 % dans cet État clef. La production brésilienne est maintenant attendue entre 105 et 108 Mt (millions de tonnes) selon les analystes, un record. En Argentine, les cieux sont désormais plus cléments, avec des précipitations régulières sur le sud de la région de Buenos Aires durant la période clef de mise en place et remplissage des gousses, région qui avait souffert d’une sécheresse le mois dernier.

Les cours du colza suivent à la hausse

La petite hausse du cours du soja, ainsi que des huiles végétales, ont tiré le prix du colza français à la hausse. Il augmente de 5 €/t en Fob Moselle (à 425 €/t) et l’échéance de mai 2017 sur Euronext progresse de 6,50 €/t (à 419,50 €/t). Sur le marché de l’huile de palme, les cours sont soutenus par des stocks bas en Malaisie à la fin de février. Néanmoins, cet effet devrait être de courte durée, les productions d’huiles étant attendues en hausse durant les mois à venir. La probabilité d’une résurgence d’El Niño dans les mois à venir pourrait entraîner une sécheresse en Asie, touchant potentiellement la production d’huile de palme en Malaisie et Indonésie ainsi que la production de soja en Inde.

Le tournesol reste stable à 385 €/t à Saint-Nazaire, avec un marché plutôt calme. Les semis devraient commencer dans les prochaines semaines dans le sud de l’Europe. Les conditions climatiques sont à surveiller car les réserves hydriques dans les sols sont très minces dans tout l’ouest de l’UE (Italie, Espagne, France) ce qui rend les cultures particulièrement exposées à un temps trop sec au printemps. Les pluies devront être généreuses dans les semaines à venir pour normaliser la situation.

En tourteaux, les prix se maintiennent

Les prix des tourteaux de soja sont stables à Chicago et en France. Les matières riches en protéines résistent à la hausse et restent ainsi attractives pour les fabricants d’aliments composés.

Le prix du pois fourrager recule légèrement cette semaine (–3,50 €/t) à 221,50 €/t départ Marne. Le pois retrouve de l’intérêt dans l’alimentation animale, mais aussi à l’exportation en qualité humaine.

À SUIVRE : achats égyptiens, prix du blé russe, conditions climatiques pour les récoltes de 2017 dans l’hémisphère Nord, conditions climatiques en Amérique du Sud (récolte et logistique), précipitations en Europe de l’Ouest (semis).

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