Le gouvernement a annoncé vendredi que la justice avait validé l’accord de financement entre le groupe agroalimentaire, appelé Financière Turenne Lafayette (FTL), ses banques et l’État, en vue de le sauver.
L’accord a été validé jeudi par le tribunal de Commerce de Paris, a indiqué le secrétaire d’État chargé de l’Industrie, Christophe Sirugue, dans un communiqué. Cet accord financier avec les banques créancières du groupe agroalimentaire, qui emploie 3 200 salariés sur 21 sites en France, avait été annoncé par M. Sirugue le 20 décembre 2016.
Le trucage des comptes de ce groupe très connu pour ces marques à destination du grand public comme William Saurin, Madrange ou Paul Prédault a été révélé par un audit mis en œuvre peu après le décès de la dirigeante du groupe, Monique Piffaut, à la fin de novembre. Ce maquillage des comptes élaboré par sa patronne a duré au moins 10 ans et a porté sur 250 à 300 millions de fausses factures, assurait le Figaro au début de janvier 2017.
Un prêt de 66 millions d’euros
Le plan de financement désormais validé « redonne des perspectives au groupe, permet de préserver ses activités et ses emplois, et lui donne le temps nécessaire à la recherche de solutions d’adossement en 2017 », a estimé le secrétaire d’État dans le communiqué. Ce plan repose sur le prêt de 66 millions d’euros et le « gel de l’ensemble des échéances des dettes financières du groupe sur un an » par les banques. L’État contribue pour sa part à hauteur d’environ 13 millions dans le cadre du fonds de développement économique et social (FDES).
« La suite dépend désormais beaucoup des fournisseurs et de leurs assureurs-crédit, ainsi que de la grande distribution, que j’invite à contribuer à cet effort collectif dont dépendent 4 000 emplois directs et plusieurs filières agroalimentaires françaises », a déclaré M. Surigue, cité dans le communiqué. L’État s’est fortement impliqué pour que le groupe évite la liquidation judiciaire. Dès l’annonce de la découverte du trucage des comptes, il avait annoncé avoir déposé 70 millions d’euros sur un fonds affecté dans le but de maintenir l’activité du groupe, alors en danger de disparition.
Une tranche de jambon vendue sur trois provient du groupe
Le nouveau patron du groupe, Éric Le Gouvello, a estimé à la fin de décembre qu’il faudrait attendre le printemps pour savoir quelle solution pouvait être envisagée pour sauver le groupe, comme un adossement « total ou partiel » à un autre groupe. Une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière, a été ouverte à la fin de 2016 pour déterminer l’ampleur du trucage des comptes et les responsabilités.
Financière Turenne Lafayette est inconnue du grand public mais il rassemble pourtant de grandes marques de l’agroalimentaire qu’on retrouve dans toutes les cuisines de France. Une tranche de jambon sur trois vendues en grande surface provient d’une marque détenue par le groupe par exemple. Le groupe comptait réaliser 900 millions de chiffres d’affaires pour l’année 2016. La défunte propriétaire du groupe a fini sa vie ruinée, avec un endettement personnel de 60 millions d’euros, loin des 400 millions de fortune personnelle dont l’avait créditée la presse à son décès, selon Le Figaro.