« Nous voulons répondre aux demandes de nos adhérents et non leur imposer des sujets qui ne les intéressent pas », a expliqué Olivier Tourand, président de la FNGeda (1). Il a lancé la réflexion sur les pistes à suivre dans les groupes de développement agricole et les Ceta (2) pour les quatre années à venir.

Pour ce faire, après un jour et demi de visites dans les exploitations bretonnes, les 400 agriculteurs et agricultrices présents au festival des groupes à Vannes ont exposé leurs attentes : valoriser leurs produits et leurs sous-produits, mettre en valeur leur travail, échanger avec les consommateurs, vivre mieux leur métier, sensibiliser les jeunes agriculteurs aux relations humaines, mettre en œuvre dans leurs exploitations les nouvelles techniques et technologies quand elles apportent un plus, mais aussi, les nouveaux modes de management et de gestion des relations humaines.

Ils veulent recenser, capitaliser et faire circuler les expériences des uns et des autres. « Pas question de laisser l’agroalimentaire repenser seul nos filières », a dit un membre de groupe de l’Ille-et-Vilaine. « Nous devons les repenser en proximité, en nous incluant dans des projets de territoires. Et pas seulement en circuit court. » Selon une étude menée sur les groupes de développement par l’Esa (3) d’Angers, l’un des objectifs des adhérents des groupes est d’ailleurs de « se détacher des conseils des vendeurs ».

Réagissant à ces propos, Claude Cochonneau, nouveau président de l’APCA (4) et agriculteur dans la Sarthe, « le premier rôle des groupes est social. Et les chambres soutiennent en France 1 400 d’entre eux. Le groupe donne aux agriculteurs une appartenance sociale dans une société qui dit aimer les agriculteurs mais pas forcément l’agriculture. À l’heure où régresse l’échelon départemental au profit de l’échelon régional et des collectivités locales, les groupes locaux ont un avenir ». À l’image de la réorganisation des groupes en Bretagne qui ont désormais une articulation régionale. Selon Olivier Allain, vice-président du conseil régional de la Bretagne, agriculteur dans les Côtes-d’Armor, la Région prend effectivement de l’importance : « En Bretagne 50 groupes orientés vers l’agroécologie ont été soutenus à hauteur de 3 millions d’euros depuis 2014. »

« Arroser les grains de folie »

La présidente de Trame, Karen Serres, a appelé les groupes à « ne pas s’autocensurer, à ne pas hésiter à sortir des cadres ». Et elle a incité les chambres d’agriculture, comme les Régions, à ne pas écarter les idées innovantes qui naissent dans les groupes et ne correspondant pas toujours à ce qui est prévu dans les programmes des conseillers. Elle a été suivie en cela par un agriculteur qui demandait aux partenaires institutionnels, de savoir « arroser aussi les grains de folie ».

Olivier Tourand a approuvé : « Nous voulons mettre les compétences en face des projets des agriculteurs et non pas l’inverse. Nous sommes prêts à interpeller d’autres réseaux de compétence à côté de réseaux classiques quand le besoin s’en fera sentir. Il n’y aura pas d’accaparement de la pensée des agriculteurs. Cela veut dire redéfinir nos partenariats avec les chambres d’agriculture. Et ne pas nous priver, quand c’est nécessaire, d’aller chercher des partenariats ailleurs, y compris parfois de l’industrie. »

Les festivaliers des groupes de développement veulent enfin gagner en réactivité dans les échanges, mutualiser et partager les informations, se faire connaître et reconnaître. Car les groupes veulent devenir des interlocuteurs vis-à-vis de leur environnement territorial, mais aussi vis-à-vis des agriculteurs eux-mêmes pour attirer davantage de jeunes et renouveler leur équipe.

Marie Gabrielle Miossec

(1) FNGeda : Fédération nationale des groupes de développement agricole.

(2) Ceta : Centre d’études techniques agricoles.

(3) Esa : école supérieure d’agriculture d’Angers.

(4) APCA : assemblée permanente des chambres d’agriculture