Éric Devos, ancien double actif agriculteur et dessinateur industriel, maintenant à la retraite, était installé dans l’Eure-et-Loir sur une ferme céréalière de 110 hectares. « Je dessinais également des machines utilisées dans les sucreries. Quand j’étais jeune, à la place des cours de sport, mon père m’envoyait ramasser des cailloux. Avec le temps que j’y ai passé, j’ai dû en récolter quelques tonnes. J’ai construit l’épierreuse car j’en ai toujours rêvé. Le plaisir de concevoir, de partir d’une feuille blanche, c’est ce qui m’a le plus motivé. J’ai commencé par fabriquer l’épierreuse puisqu’aligner les pierres ne sert à rien si l’on ne peut pas les ramasser derrière. Je ne pouvais pas les broyer, elles sont majoritairement composées de silex et ça abîmerait beaucoup trop les pneumatiques. »

Préparer le chantier
« Ramasser les pierres dans de bonnes conditions requiert une certaine préparation du champ. Dans l’idéal, la parcelle doit être déchaumée deux fois et roulée de façon à affiner la terre le plus possible. Après, il faut passer une herse pour les faire ressortir. Ces travaux sont à adapter en fonction de la culture précédente et, par conséquent, de la quantité de résidus restants », rappelle l’ancien agriculteur. Il est inutile d’effectuer ces opérations sur l’intégralité de la parcelle, il suffit de travailler les zones où il y a beaucoup de pierres. Une fois que ces dernières sont mises en surface, il faut les andainer de manière à optimiser les passages de l’épierreuse.

« J’ai mis environ deux jours à dessiner l’aligneuse, et j’ai eu besoin de huit jours pour réaliser l’assemblage et la soudure de l’ensemble. J’ai repris la tête d’attelage d’une charrue pour que l’intégralité du rouleau suive parfaitement le sol. J’ai quand même dû la modifier pour faire passer le cardan. »
L’élément principal est un rouleau sur lequel sont soudées en hélice deux rangées de dents en acier Creusabro. Le réducteur diminue la vitesse de rotation de 540 à 100 tr/min. Le réglage du roulis se fait via les supports de roues. La profondeur du rouleau se gère avec le relevage du tracteur. Le rouleau vient effleurer le sol et les dents apportent les pierres du côté droit de la machine, afin de créer un andain de la taille souhaité au fur et à mesure des allers-retours.

L’épierreuse est conçue en deux parties, une qui ramasse et une seconde qui transporte les pierres sur un tapis pour les envoyer dans une benne. « J’ai obtenu l’ensemble rotor/dents en échange d’un dessin industriel d’une épierreuse pour les vignes de 1,2 m de large. Ces pièces proviennent d’une machine canadienne », précise Éric.
Une sécurité à friction
Le rotor tourne à 40 tr/min pour un régime de 400 tr/min à la prise de force. Les barres de support de dents sont guidées par des galets et des cames pour qu’elles ne se désalignent pas. L’entraînement général de l’engin possède lui aussi une sécurité par disque à friction. « C’est la première pièce que j’ai vérifiée avant de remettre en route la machine », indique, le retraité. « J’ai conçu à 100 % la trémie de réception et le tapis. La tôle derrière le rotor est très épaisse car je pensais que les pierres allaient taper violemment dans le fond. »

Une fois les pierres dans la machine, elles sont transportées par un convoyeur. « Je me suis inspiré d’une ramasseuse Kverneland pour la conception du convoyeur », révèle Éric. La vitesse du tapis est de 1 m/s. Les barres de support en dessous du tapis se réduisent au fur et à mesure de la hauteur pour retirer un maximum de terre. Les chaînes sont guidées sur le retour par deux cales en bois (chêne). La hauteur de l’engin se règle via des cales sur la tige du vérin. « J’ai conçu le ramasseur afin qu’il puisse également se replier en mode transport et dépasser le moins possible du gabarit du tracteur. »
Paul Denis