« Même si on se fait taper dessus, on ne portera pas l’irresponsabilité de ne pas dire aux agriculteurs que les phytos sont dangereux et qu’il faut en sortir », a martelé Laurent Pinatel, en conférence de presse mardi – même s’il demande pour cela des politiques d’accompagnement. « Et on continuera de réaffirmer que la dérive industrielle de l’agriculture va emporter tout un pan de notre métier, en termes de savoir-faire, de maîtrise de notre produit… »
Ne pas stigmatiser les agriculteurs
Dans le même temps, le syndicat ne souhaite pas stigmatiser les agriculteurs qui « font les frais des politiques agricoles successives », mais leur « apporter des solutions ». Ces solutions passent notamment par les « espaces politiques » que la Confédération paysanne veut continuer à ouvrir au niveau national, en pesant davantage dans les négociations de la Pac, la mise en œuvre de la loi EGA, etc. Elle est persuadée que face aux exigences croissantes de la société et aux attentes du monde paysan, son discours peut parler à ceux « qui n’ont pas trouvé de réponses ailleurs ».
Au point, d’ailleurs, de se faire parfois copier par le syndicat majoritaire, dénoncent certaines têtes de liste, comme David Eychenne, en Ariège, qui constate que « l’équipe FNSEA-JA en place parle désormais d’accaparement des aides et du foncier ». La Confédération paysanne compte, pour s’en démarquer, faire jouer la cohérence entre son discours national et ses prises de position locales, qu’elle oppose au « double discours » de certains autres.
« Nous sommes les seuls à nous préoccuper vraiment du nombre d’actifs, à proposer de faire mieux avec plus de paysans », souligne encore Charlotte Kergloni, tête de liste dans l’Ille-et-Vilaine, où le département compte 15 % de votants de moins que la dernière fois : « un aveu d’échec de la politique actuelle ».
Plus de 58 départements étaient représentés à la journée têtes de liste organisée par la Confédération paysanne le mardi 20 novembre à Bagnolet. © Twitter @ConfPaysanne
Remporter au moins trois chambres
« On a des choses à dire, et on les dira d’autant plus facilement que les gens nous poussent dans les urnes », insiste Laurent Pinatel, qui craint que l’abstention fasse encore des ravages. Si le syndicat a l’objectif clairement affiché de remporter au moins trois chambres, il espère avant tout progresser en représentativité nationale.
Mais aussi gagner des sièges dans les collèges des chambres, car même sans remporter la présidence, « le nombre de sièges à la chambre a un impact sur la politique d’orientation des structures par exemple, rappelle Charlotte Kergloni. Si dans l’Ille-et-Vilaine, l’installation est passée en quatrième priorité, c’est l’œuvre du syndicat majoritaire… Idem pour le choix de financer ou non certaines formations… Il y a beaucoup de choses nouvelles à proposer, pour mieux accompagner l’installation, aider les paysans à retrouver de l’autonomie dans les déclarations Pac, accompagner la mise en place d’outils de mutualisation pour les circuits courts… »
De bien belles idées, mais le syndicat est-il assez mature pour gérer une chambre d’agriculture ? « On a de nombreux adhérents et militants qui gèrent des structures d’accompagnement avec des bouts de ficelle, alors avec un vrai budget, je pense qu’on pourrait faire des choses », sourit David Eychenne.