C’est une « fracture historique », comme le souligne le groupe de réflexion Agridées dans une note parue le 6 octobre 2025. Alors que le solde commercial agroalimentaire français affiche une moyenne de 4 milliards d’euros depuis une dizaine d’années, il connaît pour le début de l’année 2025 une très nette dégradation. Sur les sept premiers mois de 2025, l’excédent commercial agroalimentaire atteint 8 millions d’euros.
« Le solde de notre balance commerciale agroalimentaire est tout simplement réduit à néant », écrit Agridées. Un phénomène qui relève d’éléments conjoncturels et structurels.
Des filières chahutées
Les céréales, les vins et spiritueux ainsi que le lait, trois filières motrices à l’exportation, se sont vues particulièrement chahutées.
En céréales, le niveau de production a chuté à 38,7 millions de tonnes pour la campagne de 2024. Les volumes pour l’exportation ont été réduits de presque un tiers sur la période d'août 2024 à juin 2025. Outre cette baisse des volumes, les prix des céréales se sont eux aussi effondrés. Agridées rappelle que le prix plancher de 200 €/t sur les marchés à terme pour le blé tendre et le maïs a été franchi à la fin de l’été dernier.
Sur le lait, autre phénomène. Les exportations de produits laitiers en valeur maintiennent leur dynamique avec +108 millions d’euros sur la période de janvier à juillet 2025 par rapport au cumul de 2024. Toutefois, les importations de produits laitiers, notamment de beurre industriel, ont également connu une hausse de 678 millions d’euros sur la même période. Le solde des produits laitiers reste positif (+952 millions d’euros) mais nettement moindre par rapport au cumul 2024 (–570 millions d'euros).
Inflation sur les importations
Agridées souligne « l’explosion de l’inflation sur les produits locaux importés » citant le thé, le café, le chocolat ou encore l’orange dont les disponibilités à l’échelle mondiale se sont réduites. Les taxes chinoises sur l’exportation de viande porcine, l’augmentation de l’importation de volailles pour la restauration hors domicile ou la réduction de notre cheptel bovin continuent de creuser le déficit.
Seuls quelques postes exportateurs progressent comme les huiles (+405 millions d’euros par rapport à 2024), les animaux en vif (+402 millions d’euros par rapport à 2024) ou la pêche et l’aquaculture (+170 millions d’euros).
Pas de signaux encourageants
Agridées insiste sur le net décalage entre la demande nationale en produits alimentaires et notre capacité à y répondre. Un déséquilibre qui conduit à l’intensification de nos importations, tout en maintenant un même niveau d’exportation.
Et les prévisions sur la production mondiale de grains pour 2025 n’indiquent pas de potentielle amélioration de la balance commerciale nationale. « Il y a peu de motifs d’espoir quant à un potentiel redressement d’ici à la fin de l’année, est-il écrit dans la note. Tout juste est-il encore possible d’espérer un solde légèrement positif d’ici à la fin de l’année. »