« Au-delà d’un discours offensif, les agriculteurs attendent des actes », a déclaré à l’AFP Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, avant l’inauguration par le président samedi du salon à Paris, Porte de Versailles.

Vendredi matin, Christiane Lambert, présidente du syndicat, a déclaré sur BFM TV que le chef de l’État sera « accueilli poliment et respectueusement, mais de façon très directe. Nous lui dirons très clairement ce qui va et ce qui ne va pas ».

Selon elle, la profession agricole est en « désaccord profond » avec Emmanuel Macron sur les négociations commerciales entre l’UE et les pays du Mercosur qui menacent 20 000 à 25 000 exploitations en France.

« L’agriculture a le sentiment d’être la variable d’ajustement »

« Nous exprimerons jusqu’au bout notre désaccord […] et nombre sont les consommateurs et les associations qui nous disent qu’ils sont à nos côtés », a-t-elle ajouté. La responsable s’inquiète particulièrement de l’absence de toute « garantie sanitaire » sur les quotas d’importation de viande brésilienne, argentine, uruguayenne ou paraguayenne qui seraient concédés par Bruxelles aux quatre pays de Mercosur afin de parvenir à un accord commercial global comprenant aussi les autres productions agricoles, l’industrie, les services etc.

« L’agriculture a vraiment le sentiment d’être la variable d’ajustement d’autre chose », a ajouté la responsable. « Ce n’est pas notre choix de faire cet accord. […] Le président a dit qu’il voulait cet accord. C’est sa responsabilité », a-t-elle lancé.

Jeudi, Jérôme Despey avait également indiqué attendre des précisions sur la loi issue des États-généraux de l’alimentation, souhaitant qu’on « inverse la protection au profit des agriculteurs ». Ce projet de loi doit permettre aux agriculteurs d’être rémunérés sur la base de leurs coûts de production, et impose à la grande distribution un encadrement des promotions et des ventes à perte. « Ce qu’on veut, concrètement, c’est que dans la loi, il aille jusqu’au bout », a insisté M. Despey.

« Il faut maintenant des mesures concrètes »

Jérémy Decerle, président des Jeunes Agriculteurs, a lui salué les annonces du chef de l’État concernant l’installation des jeunes agriculteurs. « On est content qu’il ait compris que nous, on avait des choses à proposer. On sera content de venir s’en expliquer avec lui ou ses services pour mettre en place des choses concrètes et surtout pertinentes pour les jeunes », a-t-il déclaré.

À propos du dispositif de préretraites agricoles évoqué par le chef de l’État, M. Decerle a rappelé que ce dispositif existait il y a une dizaine d’années. « Les agriculteurs pouvaient bénéficier d’une préretraite s’ils remettaient leur exploitation à un jeune. Ça avait redynamisé à l’époque les installations. Après, ils ont enlevé le dispositif parce qu’il n’y avait plus de sous dans les caisses de l’État pour le financer. »

Dans un communiqué diffusé vendredi, Joris Miachon, président de la section des jeunes à la Coordination rurale déclare : « Il faut maintenant des mesures concrètes, les jeunes attendent des actes pour des prix rémunérateurs. » Concernant les accords avec le Mercosur, le syndicat indique que « le scepticisme demeure ». « Les clauses de sauvegarde et autres lignes rouges ne sauveront pas les producteurs de viande qui vont se trouver confrontés à l’importation d’importantes quantités de viande à des prix dérisoires alors que les prix intérieurs sont déjà nettement insuffisants. »

Avec l’AFP