Michel-Edouard Leclerc accuse une nouvelle fois ce lundi 2 octobre 2017, les agriculteurs, les industriels et ses concurrents de préparer des hausses de prix des produits vendus en grande distribution, sous le prétexte de mieux valoriser les productions agricoles en crise. « Ce qui m’a fait sortir de mes gonds, c’est qu’on nous a annoncé que dans les centres Leclerc, […] il faudrait relever les prix de 5 % à 15 % », déclare-t-il sur RTL.
« M. Leclerc est très bavard »
Christiane Lambert, président de la FNSEA, reçue à Matignon par le Premier ministre lui répond vertement. « M. Leclerc est très bavard à l’extérieur des États-généraux de l’alimentation, mais ses représentants dans les ateliers ont été peu bavards. […] Il aurait dû parler davantage à l’intérieur. » À propos de l’augmentation de 5 % à 15 % dénoncée par Michel-Edouard Leclerc, « c’est faux et archifaux », assure Christiane Lambert.
Le seuil de revente à perte en cause
« J’ai écrit vendredi au président de la République pour […] attirer son attention » sur ces projets, indique M. Leclerc. La FNSEA et l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), visées par Michel-Edouard Leclerc, proposent dans le cadre des États-généraux de l’alimentation de redéfinir le seuil de revente à perte, le prix minimum en dessous duquel les distributeurs n’ont pas le droit de vendre. Elles proposent que ce seuil soit augmenté pour intégrer les coûts de distribution. Mais selon Michel-Edouard Leclerc, la proposition aurait pour effet de renchérir les prix pour les consommateurs, sans pour autant grossir les revenus des agriculteurs.
« Il défend surtout ses marges à lui »
« M. Leclerc représente un ancien monde, celui des prix toujours plus bas », lui répond Christiane Lambert. Pour elle, les consommateurs veulent aujourd’hui « de l’origine, de la qualité, de la proximité, ils veulent savoir qui produit et comment, et ils veulent surtout redonner plus de centimes aux producteurs ». Elle incite Michel-Edouard Leclerc à ne pas se prendre pour « le chevalier blanc de la défense des consommateurs » alors que, selon elle, « il défend surtout ses marges à lui et ses intérêts à lui ».
L’UFC-Que Choisir du côté de Leclerc
Le distributeur a reçu un soutien de poids vendredi, celui de l’UFC-Que Choisir. L’organisation de consommateurs a dénoncé « l’impact immédiat et colossal » des propositions des agriculteurs et des industriels, soutenues par certains distributeurs. « Un relèvement du seuil de revente à perte, comme évoqué, se traduirait dès 2018, selon nos analyses, par une hausse de prix de 1,4 milliard d’euros, soit 2,4 % sur les rayons concernés », a déclaré vendredi l’organisation de consommateurs.
Le paradoxe du consommateur citoyen
Christiane Lambert a également un mot pour l’association de consommateur. « C’est assez paradoxal de voir des consommateurs qui disent “donnez-nous plus de bien-être, d’environnement, plus de sanitaire” et tout ça moins cher. Passer une commande de haut de gamme quand on est citoyen et vouloir acheter low cost quand on est consommateur, ça conduit à des drames et des faillites », conclut la présidente de la FNSEA.
Le président Emmanuel Macron doit annoncer le 11 octobre les premières mesures retenues à l’issue des États-généraux de l’alimentation. La FNSEA tiendra un grand marché dans Paris à cette occasion pour sensibiliser les consommateurs aux prix des productions agricoles.