Vieillissement de la population agricole et agrandissement des exploitations sont le lot commun de tous les pays de l’Union européenne. Le Portugal semble faire exception pour les dix dernières années.

13 % de la population

Dans ce pays essentiellement rural depuis toujours, 13 % de la population travaille actuellement dans l’agriculture, pour une moyenne inférieure à 3 % en Europe. Les années 1970-1980 ont permis à cet état de se développer et à la jeunesse rurale de se former et de quitter les fermes familiales. Mais la crise des subprimes, en 2008, a frappé de plein fouet le Portugal et les jeunes actifs. En 2011, 40 % des personnes de moins de 30 ans étaient au chômage.

Diplômés, avides de réussite et ayant goûté à une vie meilleure, les fils et filles d’agriculteurs sans travail se souviennent de leurs racines. « Les filières agricoles m’ont offert un formidable levier pour revenir à la ferme familiale en diversifiant les productions et en développant une agriculture moderne », confie Guilherme Ferriera, qui a investi avec son père en 2014.

Représentant 17 % de la population active en 2008, les agriculteurs affichaient une moyenne d’âge de 63 ans. La tendance s’est inversée. Elle est à présent de 56 ans, selon le ministère portugais de l’Agriculture. Les raisons de ce retournement sont multiples. Le foncier est encore abordable, avec une moyenne nationale de 5 200 €/ha (2016), même s’il a doublé, voire triplé, notamment dans la culture des fleurs, des légumes et les vignes.

La production d’olives attire les jeunes

La production d’olives a aussi été déterminante. Importateur, il y a dix ans, le pays est devenu autosuffisant en 2017, voire excédentaire grâce au programme de plantation. La coopérative de Beja, au sud de Lisbonne, a connu le phénomène. En 2008, la moyenne d’âge de ses coopérateurs avoisinait 65 ans, contre 50 ans aujourd’hui. « Après une intensification des céréales, peu rentables les années précédentes, nous nous sommes lancés dans la plantation de vergers d’olives à grande échelle. Ils représentent maintenant plus de 50 % des producteurs de l’entreprise, pour 65 % du chiffre d’affaires. Avec des marges pouvant aller jusqu’à 2 000 euros par hectare, nous avons réussi à mobiliser », précise Fernando do Rosário, directeur général.

De même, le travail mené sur la qualité des vins a permis au Portugal d’exporter vers l’Europe du Nord et la Chine, des destinations inconnues auparavant.

Enfin, les grands projets dans l’énergie, à la fois relatifs aux panneaux solaires comme à l’éolien, ont offert de belles opportunités. Cette nation, qui était un parent pauvre de l’Europe, est devenue attirante. Les Espagnols et les Brésiliens ne s’y sont pas trompés avec des achats en masse de terres et d’entreprises.

Christophe Dequidt