« Inévitablement, il y aura une augmentation des prix » de l’alimentation, « il faut être lucide », a déclaré le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie le 15 mars 2022 au micro de France Inter. Avouant être « incroyablement inquiet » en raison du « risque de famine que nous avons à l’international ».
Une hausse « nécessaire » en France
Dans les pays riches, l’augmentation des prix alimentaires est nécessaire, analyse pour sa part Vincent Chatellier, chercheur à l’Inrae. Il était interrogé le 15 mars 2022 par la commission économique du Sénat sur l’impact de la guerre en Ukraine sur les marchés agricoles et la souveraineté alimentaire.
« Nous n’avons pas assez parlé de la capacité dans les pays riches à faire payer au consommateur les surcoûts d’intrants, a-t-il expliqué. À court terme, avoir une inflation sur les produits alimentaires est indispensable pour passer les crises et éviter l’effondrement de l’appareil agro-industriel. » L’augmentation des prix est, selon lui, incontournable.
Inflation proche de 7 % dans la zone euro
Également questionné par les sénateurs, Thierry Pouch, chef du service en charge des études aux chambres d’agriculture, a alerté sur les hausses des charges en élevage : « Le prix du kilo de porc devrait atteindre 2,4-2,5 € pour couvrir les coûts de production. » Un prix atteignable si les consommateurs se reportent sur viande de porc dans un contexte de tension sur la viande bovine et les volailles.
En ajoutant le surcoût du transport, l’inflation sur les prix alimentaires amplifiée, se rapproche de 6-7 % dans la zone euro.
Éviter les émeutes et les famines
La flambée des prix devient une préoccupation majeure pour tous les pays importateurs de blé, notamment la Libye (dont les deux tiers du blé vient de la Russie et de l’Ukraine), l’Indonésie, l’Égypte, mais aussi le Pakistan, la Turquie, l’Erythrée… « La tonne de blé entre 380 et 440 €, c’est intenable pour les pays importateurs », explique Sébastien Abis, directeur du club de réflexion Demeter et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, interrogé par l’AFP.
Pour éviter les soulèvements populaires, les États-Unis envisageraient de subventionner les importations de blés des pays les plus importateurs. Des contestations contre les cours du pain ont déjà été observées en Tunisie. Au Maroc, des manifestations éclatent pour protester contre l’augmentation du prix des denrées alimentaires de base.
Pour le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, la guerre entre la Russie et l’Ukraine porte les germes « d’un ouragan de famines » dans de nombreux pays, a-t-il déclaré le 14 mars 2022. « La guerre en Ukraine signifie la faim en Afrique », a déploré de son côté Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI.