Ces enquêteurs de l’autorité française anti-fraudes (DGCCRF) sont intervenus en février 2013 dans l’usine de Castelnaudary (Aude) à la suite de la découverte de viande de cheval dans des plats pur bœuf vendus par Findus et préparés par la société Tavola, à partir de viande livrée par Spanghero.

« Pas de filière bovine » en Roumanie

Plusieurs choses les ont « surpris ». Notamment l’origine roumaine de la viande que Spanghero achetait au négociant néerlandais et revendait à Tavola comme du bœuf. « En Roumanie, il n’y a pas de filière bovine », mais plutôt du porc ou de la volaille, explique l’un des inspecteurs, Alain Boismartel.

 

Il aurait donc été compliqué d’y trouver le type de bœuf demandé par Tavola – « du minerai 90/10 », environ 90 % de muscle et 10 % de graisse – en grande quantité, puisque Tavola en a commandé deux fois 400 tonnes, poursuit l’enquêteur. A contrario, « la Pologne et la Roumanie » sont les principaux producteurs de cheval dans l’Union européenne, explique-t-il.

 

La marchandise suivait en outre un parcours « qui nous apparaissait compliqué », expliquent les enquêteurs. Abattue en Roumanie, la viande transitait par les Pays-Bas, d’où elle redescendait chez Spanghero, qui la réexpédiait chez Tavola au Luxembourg comme du bœuf. Le voyage avançant, les étiquettes perdaient en précisions.

Des prix trop bas pour du bœuf

Pour la DGCCRF, les prix étaient trop bas pour qu’il puisse s’agir de bœuf « 90/10 ». Sauf exceptions, « nous n’avons jamais constaté de prix aussi bas », explique Alain Boismartel : « Dans l’équation composition-provenance-quantité-prix, quelque chose ne pouvait pas coller. » Cette échelle des prix est vigoureusement contestée par la défense de l’ex-directeur général de Spanghero, qui assure que la DGCCRF compare ce qui n’est pas comparable.

 

Les deux principaux prévenus parmi les quatre hommes jugés, se renvoient la faute. Le négociant néerlandais soutient avoir toujours vendu du cheval au prix du cheval, tandis que l’ex-directeur de Spanghero assure que le Néerlandais l’a berné et reconnaît uniquement des « négligences » sur l’étiquetage.

 

La Répression des fraudes a conclu à « une fraude économique », « pas une crise sanitaire ».

Johannes Fasen, soumis à un strict contrôle judiciaire dans une autre affaire de viande de cheval en Espagne, s’est présenté lundi au tribunal. Il pourrait être entendu ce mardi 29 janvier 2019.