Total « poursuit les mesures urgentes qui consistent à pomper le pétrole et à faire des travaux de terrassement pour isoler du réseau hydrographique le secteur pollué », a détaillé Thierry Laurent, le directeur de cabinet du préfet des Yvelines. Au total, « la pollution s’étend sur sept hectares », a-t-il précisé.
Plusieurs mois de chantier
« À ce stade », le recensement des zones touchées doit se poursuivre, a affirmé Michel Charton, responsable du raffinage et de la chimie pour l’Europe pour Total. Le chantier nécessitera d’évacuer les terres polluées, ce qui prendra « plusieurs mois », a-t-il ajouté, précisant que Total prendrait en charge le coût des travaux et l’indemnisation des deux agriculteurs concernés par la pollution et dont la récolte annuelle est perdue sur ces surfaces.
« La police de l’eau de la direction départementale des territoires (DDT) va faire des prélèvements pour voir s’il y a de la pollution au-delà des zones touchées, a complété Thierry Laurent. Total va tout prendre en charge, y compris l’indemnisation des propriétaires agricoles et des riverains. »
Concernant les mesures de sécurité, le directeur du cabinet rappelé que les champs touchés sont interdits d’accès. Tout captage d’eau dans les ruisseaux concernés est également interdit et « il ne faut pas laisser les animaux s’y abreuver ». En revanche, « il n’y a pas de signaux laissant penser que la nappe phréatique est atteinte ». Des études sont en cours pour le confirmer.
900 m³ de pétrole brut
En visite sur place le 27 février 2019, le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a affirmé qu’il serait « extrêmement ferme vis-à-vis de la société Total » après cette fuite d’hydrocarbures, encore inexpliquée. Et qui concernerait 900 m³ de pétrole brut, selon un nouveau bilan fourni mercredi par la préfecture.
Des barrages de rétention et cinq stations de pompage ont été mis en place sur les cours d’eau, ont indiqué des représentants de Total. « Nous aurons sans aucun doute un chantier de dépollution qui durera plusieurs mois, a déclaré François de Rugy. Je le suivrai de près, le ministère de la Transition écologique sera extrêmement ferme vis-à-vis de la société Total. »
Des contrôles systématiques
Ce pipeline de 268 km, construit en 1967, avait déjà connu un accident similaire en mai 2014 à Saint-Vigor-d’Ymonville (Seine-Maritime). « À la suite de cet accident, il avait été institué un contrôle systématique, régulier, a déclaré le ministre. Cela n’a manifestement pas suffi ici dans les Yvelines. »
« Nous aurons ensuite à tirer toutes les conséquences avec le groupe Total, avec les autres gestionnaires de pipelines en France, pour assurer la sécurité du transport des hydrocarbures », a-t-il estimé. Un comité de suivi doit être mis en place et une enquête environnementale menée « dans les 15 jours », a ajouté le ministre.
Depuis la fuite, la raffinerie de Grandpuits a été ralentie et sera prochainement arrêtée, mais cela n’aura pas d’impact sur l’approvisionnement de l’Ile-de-France, a indiqué Total. Depuis 2014, « plus d’une centaine de points » du pipeline ont été auscultés, « 5 réparations » ont été menées et une route nationale a été déviée près de Paris, a affirmé Michel Charton.