Pourquoi la confiance des Français dans la science a-t-elle dégringolé ? Eddy Fougier, sociologue, a apporté des éléments d’explication, lors d’un débat organisé par le Syrpa, le réseau des agricommunicants le 17 avril 2019 à Paris. La confiance des Français s’est progressivement effritée. Jusqu’à encore récemment respectueux de la science (Ipsos 2016), ils sont passés à de l’indifférence bienveillante, pour arriver au scepticisme, soupçonnant des liens obscurs entre intérêts industriels et scientifiques. Une minorité de nos concitoyens, souvent adeptes des théories complotistes, conteste même les découvertes de la science : 10 % pensent que l’homme n’a jamais marché sur la lune, par exemple.
La faute d’Élise Lucet ou des réseaux sociaux ?
Est-ce la faute des médias et des émissions à charge, telle que « Envoyé spécial » d’Élise Lucet sur le glyphosate le 17 janvier dernier ? Pour le sociologue, les causes sont plus larges : la défiance envers les élites, le relativisme ambiant, où ce qui est « vraisemblable » l’emporte sur la preuve scientifique, ou encore l’enfermement dans les mêmes réseaux sociaux qui renforce les convictions. Et que dire des annonces qui créent la stupeur, comme la publication des cancers des rats dus aux OGM et au Roundup, par Gilles-Eric Séralini, mais qui s’avèrent inexactes ? Rien de tel pour casser la confiance sur les avancées scientifiques…
« Tout est foutu ! » pour le producteur de E = M6
« C’est trop tard, tout est foutu, depuis trois ans, la légitimité de la science est vivement attaquée. L’irrationnel et la parole de l’ignorant valent autant que la démonstration scientifique », déplore Marc Lesggy, animateur et producteur de E = M6, émission de vulgarisation scientifique existant depuis 1991. Selon lui, les journalistes, dotés d’un faible niveau scientifique, tombent dans l’imprécision ou la caricature, à force de simplifications et de rapidité, ou dans la facilité du scandale pour faire de l’audience…
Expliquer encore et toujours
Quelles solutions ? « Faire parler les chercheurs, comme ils l’ont fait avec succès au Salon de l’agriculture », enjoint Philippe Mauguin, PDG de l’Inra. Mais sans oublier qu’un sujet complexe, comme le réchauffement climatique, ne peut pas être expliqué en deux phrases !