« Les droits de douane apporteront beaucoup plus de richesses à notre pays qu’un accord traditionnel, même exceptionnel », a affirmé le président américain ce 10 mai 2019 dans une salve de tweets matinaux. « La Chine ne devrait pas renégocier les accords avec les États-Unis à la dernière minute », a-t-il ajouté, alors que les discussions entre Washington et Pékin devaient reprendre vendredi à 9h00 (14h00 en France) dans la capitale américaine.

Des droits de douane supplémentaires

L’augmentation de 10 à 25 % des droits de douane supplémentaires, effective depuis minuit heure de Washington, porte sur des produits représentant environ 200 milliards de dollars de commerce annuel de la Chine vers les États-Unis. Ces droits ne s’appliqueront pas aux marchandises déjà en transit maritime vers les États-Unis à travers le Pacifique, ce qui donne un peu de temps aux importateurs avant de voir une hausse des prix sur ces marchandises.

 

Pékin « n’aura d’autre choix que de prendre de nécessaires mesures de représailles », a averti le ministère chinois du Commerce quelques minutes après l’entrée en vigueur de ces surtaxes. Cette mesure était suspendue depuis janvier par Donald Trump. Mais le président américain a annoncé dimanche sa réactivation, arguant que les discussions n’allaient pas assez vite et mettant en doute la bonne foi des négociateurs chinois.

Des marchés financiers perturbés

Cette relance de la guerre commerciale entre les deux géants du Pacifique a perturbé les marchés financiers mondiaux toute la semaine. Une augmentation des droits de douane est « dommageable » pour les deux économies, avait indiqué le vice-Premier ministre chinois Liu He avant le début des discussions jeudi. Elles avaient repris dans un climat d’apaisement relatif, Donald Trump estimant toujours « possible » un accord cette semaine.

 

La pression sur les épaules des négociateurs est forte puisqu’il s’agit de refonder la relation commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales. L’administration Trump exige la réduction du colossal déficit commercial américain avec la Chine, des « changements structurels », telle que la fin du transfert forcé des technologies, ainsi que la protection de la propriété intellectuelle américaine.

Rassurer les agriculteurs américains

Ces négociations étaient présentées il y a encore quelques jours comme les dernières avant un sommet entre les présidents des deux pays, destiné à signer un accord bilatéral. Elles semblent d’autant plus incertaines que Donald Trump semble voir dans les droits de douane une « alternative excellente » à un accord. Le président a par ailleurs voulu rassurer les agriculteurs américains, exportateurs vers la Chine et donc fragilisés par les tensions commerciales.

 

Le milliardaire républicain a ainsi émis l’idée d’utiliser l’argent généré par ces droits de douane, plus de 100 milliards de dollars par an selon lui, pour « acheter des produits agricoles » aux « formidables agriculteurs » américains, « dans des proportions supérieures à ce que n’a jamais fait la Chine ». Ces produits seraient ensuite « envoyés, sous forme d’aide humanitaire, dans des pays pauvres et manquant de nourriture », a-t-il développé.

 

Le locataire de la Maison Blanche se sent en position de force pour négocier alors que la croissance économique américaine a été plus forte que prévu au premier trimestre (+3,2 %) et que le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau depuis 1969 (3,6 %).

La Chine « ne capitulera pas »

Le gouvernement chinois se sent, lui aussi, conforté par les mesures prises pour stimuler son économie. « La Chine ne capitulera pas face à la pression et nous avons la détermination ainsi que les moyens de défendre nos intérêts », a d’ailleurs prévenu à Pékin le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Gao Feng.

 

Donald Trump a opté avec Pékin pour la stratégie de la pression maximale, infligeant d’abord en mars 2018 des droits de douane sur l’acier et l’aluminium chinois puis, l’été dernier, sur 250 milliards de dollars de produits chinois. Il menace en outre d’imposer des droits de douane additionnels sur toutes les importations de Chine (539,5 milliards de dollars en 2018).