Plus de vingt chaque jour : c’est le rythme auquel des exploitations s’installent ou se convertissent à l’agriculture biologique à titre principal en France, cette année. Ce « record » annoncé le 21 septembre par l’Agence bio interpelle à plus d’un titre.
Le secteur compterait aujourd’hui plus de 30 000 producteurs pour une surface qui frise 1,5 million d’hectares, soit, en gros, l’équivalent de la sole en maïs. Ces chiffres masquent une répartition inégale entre les régions et les productions.
Avec plus de 560 producteurs spécialisés engagés en six mois, le secteur laitier connaît un fort appel d’air. Pas surprenant ! Mais les céréales tiennent toujours la corde.
Le phénomène semble se déconnecter des aides qui, elles, tendent à se restreindre. En ces temps de prix bas pour le « conventionnel », le différentiel de prix affiché par le bio incite un nombre croissant d’agriculteurs à réfléchir à une nouvelle orientation. Même si tous ne passent pas au bio, beaucoup y voient un axe de réflexion sur leurs pratiques en matière d’agronomie, ou de traitements.
De la coupe aux lèvres, la marche reste parfois élevée. Certains, dont il est difficile de cerner le nombre, ont d’ailleurs dû renoncer après quelques années d’expérience peu rentable ou difficile à assumer en termes de main-d’œuvre.
Les agriculteurs sont en quête de solutions tous azimuts pour l’avenir, dans un acte qui n’est plus forcément militant. Avec le souhait de se rapprocher au plus près d’une demande qui, elle, s’affirme dans le temps.
Reste à cadrer le mouvement. Sur le plan logistique, d’abord, afin que les grandes enseignes ne mènent pas la danse face à une production éparpillée. Ensuite, en sachant répondre à cette question : le bio est il synonyme, ou pas, de filière locale?
En matière de concurrence européenne, il devient urgent d’harmoniser le « standard bio », comme cela est envisagé pour 2017.
Le fait de pouvoir diviser une exploitation en unités distinctes, bio ou « conventionnel », et la façon de garantir la séparation des genres, aura un impact sur la consolidation du secteur. Avec à la clé, une obligation de résultat autant que de moyens.