Nagui, cher Monsieur. Je suis éleveur de charolaises dans le beau département de la Loire. Je suis également un téléspectateur assidu d’un jeu que vous conduisez de belle manière, « Tout le monde veut prendre sa place ». Mais depuis quelques jours, le fidèle que je suis est devenu un téléspectateur blessé et humilié par les propos que vous avez tenus, et qui jettent le discrédit sur mon métier.

À deux reprises, en l’espace d’une semaine, vous avez tenu des propos mensongers et violents à l’encontre de nos méthodes d’élevage et de notre production de viande. Le 4 décembre, vous insinuez que les veaux sont enlevés à leurs mères pour être conduits à l’abattoir, et qu’ensuite, lorsque l’on vous propose dans un bon restaurant parisien de « la viande de veau sous la mère », c’est une insulte que l’on vous adresse.

Un vrai droit de réponse

Le 10 décembre, vous revenez sur le sujet, en disant que l’on consomme de la viande d’animaux qui n’ont que trente jours. Vous dites ensuite que vous ne consommez quasiment plus de viande depuis que vous avez visionné les images de L214. Pire, vous dites « ne pas faire de prosélytisme pour la cause animale »… C’est pourtant ce que vous avez fait.

Les propos que vous tenez par rapport à l’âge des animaux au moment de l’abattage sont totalement faux et insinuent que nous sommes d’ignobles éleveurs, sans la moindre affection pour nos animaux. De tels mots portés devant 3 400 000 téléspectateurs mériteraient sans doute plus qu’une simple remarque écrite de ma part, mais un vrai droit de réponse, car aucun veau de moins de trente jours n’est destiné à l’alimentation. Les « veaux sous la mère » ont au moins six mois quand ils sont vendus à la boucherie.

La bien-pensance parisienne

Mesurez-vous l’impact de tels propos sur les personnes qui écoutent ces messages, de surcroît à l’heure du déjeuner ? Bien évidemment que non, mais je dois vous rappeler que derrière la consommation de viande il y a des hommes et des femmes qui travaillent tous les jours, et qui s’efforcent de fournir à l’ensemble des consommateurs des produits d’une qualité irréprochable, tant d’un point de vue gustatif que sanitaire et nutritif.

Mais il est plus facile pour vous, manifestement, et pour être dans le « mouv », d’être le porte-parole de la bien-pensance parisienne, sans vérifier les informations, et de ne pas vous préoccuper du devenir des éleveurs, pourtant piliers de la vie rurale et de la beauté de notre territoire français. Je tiens à vous dire également que les meilleurs défenseurs de la cause animale ce sont des éleveurs, qui vivent à côté de leurs animaux tous les jours de l’année, 24 heures sur 24, pour leur procurer alimentation et soins, et non quelques militants très actifs, qui ont comme seule ambition l’abolition de la consommation de viande et l’arrêt de l’élevage en France.

La cause animale doit être prise en compte

La cause animale, dans notre société moderne, doit être prise en compte, je partage ce point de vue. Cette prise en compte se traduit par une réglementation très encadrée par des directives européennes depuis plus de trente ans. Elle ne doit pas se faire de manière caricaturale et extrémiste. Vous citez L214, je vous rappelle que cette association utilise des méthodes illégales et fallacieuses, pour mettre en avant des pratiques de manière caricaturale et excessive, laissant penser que la maltraitance est généralisée. C’est également faux !

Que penseriez-vous si, demain, je m’introduisais dans les locaux de France Télévisions pour y dissimuler des caméras ? N’y aurait-il pas quelques images croustillantes qui permettraient de faire le buzz ? Certain que vous aurez à cœur de rattraper cette maladresse, je vous propose de m’inviter à participer au jeu que vous animez pour rétablir ces vérités. Je serai vraiment très heureux de vous montrer dans mon élevage l’ensemble des travaux que nous menons dans une année, dans le respect de l’environnement et de nos animaux. Cette visite se poursuivrait par la dégustation d’une excellente entrecôte et par un match à Geoffroy Guichard !

François Garrivier, éleveur dans la Loire