L’invasion des bâtiments de volailles par le pou rouge est un problème récurrent chez nombre d’éleveurs. Bruno Graillat, éleveur de poules pondeuses bio à Saint-Avit, dans la Drôme n’échappe pas à cette difficulté. « C’est un véritable fléau, qui revient chaque année, explique-t-il. Il entraîne de la nervosité et du stress chez les animaux, et donne lieu à du picage entre volailles, voire une décoloration des œufs et une anémie des poules. »

Pour venir à bout de ces invasions, Bruno a testé plusieurs moyens de lutte : « J’ai commencé par utiliser des insecticides bio, mais je trouvais la technique trop astreignante. J’ai ensuite testé un produit à base d’hormone synthétique de canard, un système qui marchait plutôt bien, car je l’épandais par brumisation sur les poules. Mais ce produit a été arrêté. J’ai aussi essayé les répulsifs diffusés dans l’eau, sans résultat probant, et les huiles essentielles, qui me convenaient assez bien. »

En 2015, la société Appi lui propose de tester des lâchers d’auxiliaires, avec deux acariens : androlis et taurrus. Le principe de ce dispositif de protection biologique intégrée est simple : une fois lâchés, les prédateurs s’attaquent à tous les stades du parasite, avec une préférence pour les jeunes, et exercent ainsi un contrôle de la population. Progressivement, la pression du pou rouge diminue, pour atteindre un seuil tolérable pour les animaux et les éleveurs. La mise en œuvre consiste à libérer les prédateurs à proximité des zones infestées. « L’androlis, qui préfère les zones humides, est lâché sur les fientes, le substrat et près des abreuvoirs. Le taurrus, qui préfère les zones sèches, est déposé dans les nids et sur les tapis », explique Bruno.

Un lâcher très précoce

« La première année, le dispositif n’a pas très bien fonctionné, avoue Bruno. J’ai dû réaliser trois lâchers et demi, au lieu des deux préconisés, tout en traitant avec des insecticides locaux lors du pic de pullulation. Je me suis aperçu que les bouteilles dans lesquelles je dispersais les prédateurs, laissées dans les bâtiments, étaient devenues de vraies caches à poux. Les acariens ont, cependant, joué leur rôle les quatre derniers mois. » L’année suivante, l’éleveur réitère l’opération, mais en effectuant un lâcher très tôt, dès les premières apparitions de poux. « J’ai également épandu directement les prédateurs aux endroits préconisés, sans les mettre en bouteille », explique-t-il. Sa persévérance a payé : « J’ai réussi à stabiliser la population de poux en un seul lâcher. »

Pour Bruno, la manière dont est conduit le vide sanitaire dans les poulaillers contribue grandement à l’efficacité de cette méthode. « Je n’utilise jamais des insecticides dans les bâtiments, note-t-il. Je réalise une désinfection avec du peroxyde d’hydrogène, puis avec des huiles essentielles, ce qui permet de ne jamais détruire entièrement les populations de prédateurs. Ainsi, j’ai besoin d’un seul lâcher de taurrus et d’androlis. »