Irriguer deux parcelles de maïs semence avec un goutte-à-goutte de surface, c'est le défi que s'est lancé Pascal Roblin, il y a presque un an. Installé à Parisot, à l'ouest du Tarn, il cultive 158 ha de grandes cultures, dont 47 ha de maïs semence. « J'ai installé deux réseaux de goutte-à-goutte différents, raconte Pascal. En juin 2014, j'ai posé un système annuel sur 3 ha en surface. En parallèle, 2 ha ont été équipés avec un système similaire mais pluriannuel. »
Pour choisir le système et son pilotage, Pascal s'est entouré de la chambre d'agriculture du Tarn et de la société Soverdi, spécialisée dans l'irrigation. Après des réunions techniques et des concertations, Pascal s'est décidé pour un système de pompage et d'arrosage à distance à l'aide de plusieurs capteurs.
CAPTEURS TOUS AZIMUTS
« Le pilotage du goutte-à-goutte passe par une analyse du climat et du sol, explique Pascal. Nous avons installé une station météo autonome et six sondes capacitives (Decagon) qui évaluent la réserve en eau du sol. » Ces sondes mesurent les volumes d'eau en mètres cubes par mètre cube de sol, à 20, 40 et 80 cm de profondeur. Des capteurs d'humidité ont aussi été placés au niveau du feuillage. Un calcul de l'évapotranspiration potentielle, ou ETP, est alors réalisable. Cela permet, avec le coefficient cultural du maïs semence, d'apporter les informations nécessaires au programme d'irrigation. La communication est réalisée toutes les 15 minutes grâce au serveur Comsag. La modulation est automatisée selon le calcul de l'ETP. Soverdi a installé des débitmètres sur plusieurs sections du réseau, afin de surveiller le fonctionnement de l'installation.
PILOTAGE A DISTANCE
Pascal utilise l'eau provenant d'une retenue collinaire. « Je démarre le pompage à distance en envoyant simplement un SMS, c'est un gain de temps et de confort très important, précise-t-il. Un rapport m'est automatiquement envoyé pour m'informer des paramètres de la pompe. » Pascal dispose actuellement d'une vanne motorisée mais Soverdi devrait installer un variateur de fréquence afin d'augmenter les économies d'énergie.
En aval, c'est un filtre à sable John Deere Water qui se charge de stopper les particules. Le réseau d'irrigation en goutte-à-goutte est du même constructeur. Il comporte des secteurs d'arrosage de deux heures. Chez Pascal Roblin, le découpage a été réalisé sur la base de cinq secteurs de 1 ha. En plus de l'eau, les éléments fertilisants sont aussi apportés par le goutte-à-goutte. « Un système by-pass mélange l'engrais liquide à l'eau claire », précise Pascal. Le paramétrage est réalisé dans le Dosatron, qui possède un injecteur à grand débit proportionnel. Pascal Roblin bénéficie d'une version prototype, ce Dosatron n'étant commercialisé que depuis l'été 2014. Il autorise un fonctionnement proportionnel pour des volumes de 5 à 35 m3.
ÉCONOMIES D'ÉNERGIE
L'année 2014 a été particulière car le printemps n'a pas été très sec. On comptabilise environ 10 jours d'économie d'eau. Pour ce qui est du bilan comparatif entre goutte-à-goutte et enrouleurs, « avec 320 mm de pluie sur la campagne 2014, l'irrigation n'a pas été intensive, explique Hugo Gabriel, conseiller de la chambre d'agriculture. Le rendement est quasi identique sur les deux modalités, pour des apports d'irrigation relativement proches : 70 mm avec le goutte-à-goutte et 88 mm pour l'enrouleur. Côté énergie, nous avons estimé la consommation électrique pour le goutte-à-goutte à 0,15 kWh/m3 et à 0,60 kWh/m3 pour l'enrouleur. Soit un facteur 4 entre les deux techniques ! La différence entre enrouleur et goutte-à-goutte est nette et surtout sur le poste énergie. »
EXPÉRIMENTATION
Concernant les coûts, il est difficile d'établir une comparaison à cause du caractère expérimental de l'installation. En effet, Pascal Roblin a bénéficié d'une prise en charge de certains matériels, comme le système de filtration. « Le filtre surdimensionné sera remplacé par un système adapté à sa surface », explique Guillaume Gabaston, de Soverdi. Si on estime le coût moyen des tuyaux jetables à 500 €/ha et celui des pluriannuels à 2 000 €/ha, en revanche, les autres matériels installés, comme les capteurs, sont le fruit d'un partenariat. « L'application, qui centralise les données issues des sondes, envoie les alertes et permet de gérer à distance les matériels, est en cours de développement, précise Guillaume. A terme, l'objectif est d'automatiser entièrement l'installation pour l'été 2015. »