« J'ai pris l'initiative d'ouvrir un compte marché à terme au printemps de 2007, juste avant la première flambée du prix des céréales. Malheureusement, mon compte n'est devenu actif qu'en octobre 2007.
La plupart de mes couvertures ont été réalisées en phase de hausse et le marché a baissé par la suite », reconnaît David Gourmaud, associé avec son frère sur une exploitation de 200 ha de cultures et un atelier de 325 truies naisseur-engraisseur, à Paizay-le-Sec, dans le centre de la Vienne.
L'assolement type est constitué de 35 % de blé tendre, 20 % de colza, 18 % d'orge, 15 % de tournesol et 12 % de sorgho et de tournesol sur les terres éloignées. Des cellules d'une capacité totale de 1.800 tonnes permettent d'accueillir toute la récolte.
Mis à part le tournesol, les cultures sont destinées à la transformation pour l'atelier des porcs. Malgré cela, l'indépendance vis-à-vis des achats d'aliments extérieurs n'est assurée qu'à hauteur de 50 %. L'autre moitié est donc directement dépendante des aléas du marché mondial.
Indépendance
Par souci d'indépendance et d'autonomie face aux fournisseurs d'ali- ments, David a fait le choix de s'approvisionner exclusivement auprès de voisins céréaliers, avec le risque de ne pas trouver de vendeur au moment voulu.
« Le marché à terme me permet de m'affranchir de ce risque, précise le producteur. Par exemple, un peu avant la récolte de 2012 (à la mi-juin), les prix étaient intéressants, mais je ne trouvais pas de vendeurs parmi mes fournisseurs habituels. Ces derniers, qui ont anticipé la hausse des cours en raison de la sécheresse, aux Etats-Unis comme en Russie, ont préféré différer leurs ventes. »
Son activité d'achat de grains à l'extérieur se résume à quelque 1.000 t, dont 25 à 75 % des volumes sont couverts sur le Matif. « En 2010, je me suis couvert sur le Matif d'avril à décembre, avec une majorité de lots pris entre juillet et septembre. Mes débouclages sont intervenus sur le premier trimestre de 2011. Le marché m'a permis de gagner entre 20 et 25 €/t sur mes lots de blé. »
David prend également des lots de colza et de maïs. « Cette année, à l'inverse de 2010, j'ai sous-estimé le potentiel de hausse. J'aurais dû me couvrir un peu plus, reconnaît l'agriculteur. A l'heure actuelle, le volume de grains présents dans les cellules et mes couvertures sur le marché à terme me permettent de me couvrir jusqu'à la fin de mars 2013. »
La démarche de couverture sur le marché à terme lui semble intéressante, mais consommatrice en temps, et il n'est pas toujours facile de garder la tête froide. « Il faut s'imposer des règles et les suivre, indique le producteur. Mes achats suivent un schéma de vente régulière (avant récolte, à la récolte, en septembre-octobre, avant les fêtes et au printemps) mais, en fonction de mon ressenti sur les marchés, je renforce ou allège les couvertures à certaines périodes de l'année. »
Des incertitudes sur l'évolution des cours
« Le marché a aujourd'hui intégré les pertes aux Etats-Unis et en Russie. Il cherche désormais une direction, indique David Gourmaud. En Argentine, les pluies récentes sont de bon augure pour le prix du soja sur la seconde partie de campagne.
Mais ce qui me fait peur, c'est la sécheresse en Australie pour les céréales. Dans les mois à venir, je vais surveiller de près les informations relatives à ce pays, l'évolution de la demande mondiale ainsi que l'état des cultures en Europe et dans l'hémisphère Sud.
Je consulte les cours quotidiennement (en moyenne vingt minutes par jour). L'abonnement acheteur d'Agritel et les cotations des courtiers et organismes stockeurs constituent mes principales sources d'information. »