En 2011, la bourse à l'emploi de la Normandie a vu défiler 568 offres d'emploi et 436 ont été pourvues. L'emploi salarié se développe en agriculture. Les compétences attendues sont de plus en plus complexes.

 

«  Nous avons eu l'idée de faire de courtes vidéos de 3 minutes pour bousculer un peu les habitudes de recrutement  », explique Céline Marochin, en charge de l'emploi et de la formation à la chambre régionale d'agriculture de la Normandie.

Il n'est pas question dans ces films, joués par des comédiens, d'accabler les employeurs. Très souvent, ce sont les mêmes exploitants qui recontactent la bourse de l'emploi (consacrée à l'emploi en production agricole) après le départ d'un salarié. Ils ne ressentent pas le besoin de s'interroger.

Définir les missions

«  Il y a une sorte d'encroûtement  : ces employeurs cherchent toujours le même profil de salarié en reprenant les habits de l'ancien pour les enfiler au nouveau. Ils ne définissent pas le poste en fonction des missions qu'ils veulent confier au salarié.  »

Même si les conseillers établissent un diagnostic sur les relations dans le travail sur les exploitations, les conseils ou les stages en relations humaines n'attirent pas les foules.

 

Pour encourager les employeurs à recourir aux conseillers de la bourse de l'emploi afin de définir un profil de poste ou encore à se former à l'entretien annuel ou à la négociation salariale, la chambre régionale a tourné cinq vidéos avec une pointe d'humour  :

 

- «  Savoir recruter  » (sans chercher le mouton à cinq pattes),

- «  Savoir déléguer  » pour éviter les emplois du temps surchargés,

- «  Savoir reconnaître le travail de ses salariés  »,

- «  Mener à bien une négociation salariale  » (avec cette phrase en exergue  : «  Quand vos vaches sont malades, vous prenez leur température. Et en cas de malaise avec vos salariés, que faites-vous ?  »).

«  Le but de ces vidéos n'est pas de culpabiliser les employeurs mais de les informer que, derrière les vidéos, il y a des conseillers disponibles, des formations à choisir pour eux ou pour les salariés. Les nouveaux employeurs en particulier ont besoin d'assistance. La plupart ont peu travaillé les relations humaines au cours de leur formation initiale.

Nous arrivons à les y intéresser en passant par la porte d'entrée juridique parce qu'ils veulent rédiger des contrats d'embauche réglementaires. Nous sensibilisons aussi les autres conseillers  », complète Céline Marochin.

La chambre régionale a été sollicitée par d'autres régions pour mettre à disposition ces vidéos financées par la Région, l'Etat et la FRSEA (budget de 20.000 euros).

Un million de permanents

Le secteur compte 966 000 actifs permanents, selon Agreste de janvier 2012. Les salariés permanents sont 154.900 hors cadre familial et 28.800 en liens familiaux.

Evalué en UTA (unité de travail annuel), les salariés permanents hors famille apportent 127.900 UTA, les saisonniers 78.900 UTA, les salariés en entreprise de travaux ou Cuma, 11.700 UTA.

Des recrutements plus pointus

Gilles Duquet préside l'Association nationale pour l'emploi et la formation en agriculture, l'Anefa. Cette association a été créée en 1992 par les partenaires sociaux de l'agriculture pour communiquer, promouvoir l'emploi agricole et informer sur les besoins en recrutement.

«  Nous confions de plus en plus de responsabilités techniques aux salariés. Ils sont seconds d'exploitation, chefs de culture, responsables d'élevage. Ces salariés sont de plus en plus formés et jeunes. C'est compliqué pour les primo-employeurs d'avoir la bonne attitude.

 Nous proposons des formations dans les régions. Avant elles étaient à 95  % juridiques. Aujourd'hui, 25  % sont sur les relations humaines. Dans le Jura, par exemple, nous avons beaucoup travaillé sur la définition des postes, accompagné les recrutements. Les problèmes de management augmentent parce que les recrutements progressent.  »