A Massangis (Yonne), une centrale solaire est en cours de construction sur 197 ha de terres céréalières.
Solidairement, trois agriculteurs ont mis à la disposition du constructeur une zone regroupée à partir de lots de 163 ha, 30 ha et 4 ha.
En juillet 2011, Laurent et Marie-Noëlle Ternynk ont signé un bail emphytéotique de vingt-deux ans sur un tiers de leur surface, soit 163 ha.
Protéger l'eau
« Nous commençions à être embêté par rapport à la qualité de l'eau potable de la commune. La zone de captage est en partie sur notre ferme. Le préfet a commencé à mettre la pression sur le maire. Il évoquait une interdiction de distribution d'eau aux habitants à cause d'un taux de nitrate de plus de 50 mg par litre », se souvient Laurent Ternynk.
Un comité de pilotage, mis en place entre la DDASS, Veolia, l'agence de l'eau, la mairie, la DDT et la chambre d'agriculture, a bien étudié quatre solutions.
« Mais elles ne nous satisfaisaient pas car la rentabilité des cultures chutait. Nous avons déjà optimisé nos apports d'azote sur nos petites terres depuis dix ans. Cette année, nous avons récolté une quarantaine de quintaux par hectare en blé. Nous avions déjà des panneaux solaires sur le toit de notre bâtiment d'exploitation, d'où l'idée d'en mettre aussi sur nos terres.
Nous avons cherché un opérateur. La proposition de EDF-Energie nouvelle tenait la route, avec une location annuelle de 2.000 €/ha, explique Laurent Ternynk. Nous maintenons la rentabilité de notre exploitation et continuons à vivre de nos terres. Pour pouvoir maintenir notre salarié, EDF-Energie nouvelle nous a confié l'entretien du site. »
Soutien municipal
Le maire et son conseil municipal ont été immédiatement d'accord sur le projet. Dans l'enquête publique, il n'y a eu aucun avis négatif. Le préfet a autorisé la construction malgré le vote négatif de la profession agricole en commission départementale de consommation des espaces agricoles (CDCEA). .
« J'ai soutenu ce projet car il préserve l'intérêt général de la population. C'est une réponse positive à l'amélioration de la qualité de l'eau », confie Xavier Courtois, maire de Massangis et également agriculteur.
Répercussions locales
L'installation sera en service à l'automne. Elle a une puissance de 56 mégawatts-crête. L'opérateur investit 150 millions d'euros. Il chiffre à 800.000 euros les retombées fiscales par an pour le département, dont 300.000 euros pour la commune.
Les syndicats agricoles opposés
La chambre d'agriculture et la FDSEA de l'Yonne ont voté contre le projet. Les JA se disent « frustrés par cette décision du préfet. Nous étions d'accord pour un périmètre restreint de 50 ha pour la protection de l'eau.
Il ne faut pas faire tout et n'importe quoi à cause de l'eau. Ces terres à faible potentiel, non rentables avec un blé à 100 €/t, le deviennent à partir de 150-200 €/t », souligne Francis Letellier, président de la FRSEA.
Selon Lydie Deneuville, de la Coordination rurale, « il est ahurissant de prendre du foncier agricole alors qu'il est possible de mettre en valeur les toits ».
Pascal Rouget, de la Confédération paysanne, est « pour une répartition géographique du réseau solaire sur des petites et moyennes surfaces plutôt que de le concentrer ».