Tassement. « Avec du sorgho dont le taux de matière sèche avoisinait 20 %, le tassement du silo était plus facile », note Mathieu Accolas (à droite, en compagnie de Pierre Bouchant, d'Aufort Allier Agriculture).

 

Comme pour beaucoup, ce sont les conditions météo sèches qui ont poussé les associés du Gaec Accolas à s'intéresser à de nouvelles cultures en 2011. Parmi elles, figure le sorgho ensilage.

« Au départ, nous avions prévu de le récolter en enrubannage, compte tenu de l'éloignement de la parcelle, explique Mathieu. Mais à la fin du mois de septembre, quand nous nous sommes rendu compte que nous ne pourrions pas remplir notre silo de maïs avec les 15 ha semés au printemps, nous avons décidé de le compléter avec les 6 ha de sorgho », explique Mathieu.

Pour des raisons d'organisation du chantier, le sorgho se retrouve entre deux couches de maïs. « Le résultat est satisfaisant, note Mathieu. La conservation est bonne. Nous avons même moins de pertes que d'habitude. »

Le sorgho est beaucoup plus humide à la récolte que le maïs. « Nous n'avons pas encore réalisé d'analyse, explique Mathieu, mais j'évalue le taux de matière sèche du maïs cette année autour de 35 % et celui du sorgho à 20 %. Ce dernier a amélioré le tassement et cela évite la formation de poches d'air. »

Pour les taurillons à l'engraissement

Le mélange au silo, improvisé cette année par le Gaec Accolas, n'est pas si facile à organiser. « Les deux plantes sont rarement mâtures au même moment », indique Yvan Lagrost, de la chambre d'agriculture du Cher. Il convient en tout cas de choisir un maïs dont l'indice correspond au stade de maturité du sorgho.

« L'ensilage du sorgho, lorsqu'il n'est pas tout à fait mûr, pose moins de problè­me que celui du maïs, remarque Pierre Bouchant. La valeur alimentaire dépend des tiges et des feuilles. » Le seul risque à ensiler trop tôt, c'est de perdre en rendement.

« Nous avons récolté environ 6 t de matière sèche par hectare, estime Mathieu. Les plantes mesuraient environ 2 m de hauteur et n'étaient pas encore épiées. Si nous avions semé du maïs sur la parcelle peu entretenue que nous venions d'acquérir, nous n'aurions pas récolté plus de 4 t de MS/ha. »

Le mélange d'ensilage est seulement distribué depuis le début du mois de janvier aux taurillons à l'engraissement. En fin d'engraissement, ils reçoivent le fourrage à volonté, avec 3 kg de mélange orge × triticale et 2 kg de tourteaux.

« J'estime que sa valeur alimentaire est proche de celle des années passées. L'ensilage de maïs reste une valeur sûre sur mes terres profondes », conclut-il.

Coût : 186 €/ha pour le sorgho

Semence : 97 €/ha (9,8 kg/ha de BMR 333 SOR-S).

Désherbage : 19 €/ha (bromoxynil).

Fertilisation : 70 €/ha (30 kg de potasse : 20 €/ha, + 200 kg d'ammonitrate : 50 €/ha, + fumier).

Dans le Centre : une expérience nouvelle

« Sur notre zone du Cher et de l'Allier, environ 350 ha de sorgho ensilage ont été ensemencés l'année passée, récapitule Pierre Bouchant. Nous avons peu de recul sur la culture, qui nécessite beaucoup de rigueur à l'implantation. L'expérience s'acquiert au fil des années. Le sorgho est donc une bonne alternative, alors que le maïs reste une valeur sûre dans les terres profondes. »

Des valeurs nutritives proches de celles du maïs pour les variétés BMR

« Dans le catalogue des sorghos ensilage, quatre ou cinq variétés sont envisageables sur notre secteur, explique Pierre Bouchant. Ce sont les plus précoces qui ont des besoins en sommes de températures voisines de 1.000°C. »

Mathieu Accolas a choisi une variété BMR, dont les valeurs nutritionnelles sont proches de celles du maïs.

« L'analyse de la même variété sur une parcelle proche de l'exploitation affiche des teneurs de 0,91 UFl/kg de MS pour 10 % de MAT (avec une analyse infrarouge basée sur l'équation du maïs).

La culture est toutefois plus difficile à maîtriser que celle du maïs. Elle se comporte bien dans les sols séchants à condition d'être rigoureux sur l'itinéraire technique et vigilant sur le désherbage. »