Un accueil adapté

La première urgence est de rompre l’isolement. C’est pour cela que nous avons mis en place dans le Cher, depuis plusieurs années, un accueil adapté : les hôtesses ont été formées pour orienter ceux qui se présentent et se sentent isolés vers les bons interlocuteurs. C’est essentiel de ne pas les décourager. Ce n’est jamais une démarche facile. Ils pensent qu’ils vont se débrouiller seuls mais ils ont besoin d’un interlocuteur pouvant dialoguer avec eux pour faire le point. Nous, conseillers, ne pouvons pas imposer le premier contact. Ce sont les personnes de terrain qui signalent l’existence de notre cellule. Cependant, nos interlocuteurs arrivent souvent tard. Ils ont peur d’être étiquetés. Nous devons les rassurer. Nous travaillons sur un principe de confidentialité et au cas par cas.

Un an de décalage

Les agriculteurs arrivent souvent quand ils se retrouvent proches de la cessation de paiement. Nous allons loin dans l’accompagnement. Nous étudions toutes les hypothèses, le redressement, la pluri-activité, parfois l’arrêt de l’exploitation ou la réduction de surface. On propose, l’agriculteur dispose.

Il n’y a pas de profil type d’agriculteurs en difficulté. Toutefois, plus les investissements sont lourds, plus le montant des remboursements pèse sur les comptes, plus l’exploitation est fragile. On maîtrise de moins en moins le niveau de prix des produits et des charges pour atteindre les objectifs fixés. Le rôle des conseillers serait de mettre en garde les investisseurs. Tout pousse à s’agrandir mais attention au réel potentiel agronomique et économique de l’exploitation.

Des dossiers très lourds

Le montant du passif des dossiers que l’on traite dans notre cellule « relance et perspective » a été multiplié par deux dans le Cher en quelques années. Le passif moyen était de 120 000 euros en 2012. Sur les trois dernières années, il a bondi à 300 000 euros. Ce sont les dettes à court terme (ouverture de crédit, fournisseurs, cotisations sociales) qui ont explosé. Le nombre de dossiers ne bouge pas (25) mais ils sont de plus en plus lourds.

La fin des aides attractives

Nous avions davantage de dossiers il y a quinze ans, lorsque les aides de l’État ou des régions étaient attractives, quand il y avait des possibilités de préretraite. L’existence de ces aides encourageait les personnes en difficulté à pousser notre porte.

Autant de céréaliers

Le nombre de dossiers suit les crises mais avec un an de décalage. Jusqu’en 2012, nous étions contactés sept à huit fois sur dix par des éleveurs. Dans notre région dite « intermédiaire », qui essuie sa quatrième mauvaise campagne, les céréaliers représentent désormais un dossier sur deux. Nous craignons la fin de l’année, quand les agriculteurs feront le point après avoir perçu les compléments de prix, les aides Pac.

(1) Dominique de Becdelièvre était présent à Innov-Agri, au village « Accompagnement ». Tenu par les chambres d’agriculture du Centre-Val de Loire, la MSA, le réseau CerFrance Alliance Centre et la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires, ce village était destiné aux agriculteurs malmenés par la crise. Un document sur les mesures d’urgence a été édité par les chambres d’agriculture.