Dans certaines zones d’élevage, le manque de vétérinaires ruraux peut parfois conduire les agriculteurs à faire l’impasse sur la prophylaxie. C’est pourquoi, dans le rapport « Maintenir un maillage vétérinaire au service de l’élevage et de la santé publique » remis au ministre de l’Agriculture le 22 février 2023, les organismes vétérinaires et agricoles (1) recommandent une mutualisation des services entre les entreprises vétérinaires. Cette méthode permettrait une continuité des soins tout en réduisant notamment la contrainte des gardes.

Dans les territoires ou le maillage est fortement dégradé, le rapport propose des mutualisations plus drastiques. La coopération inter-entreprises pourrait également impliquer les organismes de santé (GDS), voire directement la Direction départementale de la protection des populations, avec, par exemple, l’organisation de la prophylaxie par cette dernière.  « Il s’agirait d’un dispositif de dernier recours permettant de faire face aux situations dans lesquelles plusieurs éleveurs ne disposent plus de vétérinaires sanitaires », précisent les auteurs.

Soutien financier nécessaire

Le rapport insiste sur l’importance de l’accueil de stagiaires tutorés dans les entreprises rurales. Ces stages de fin d’études peuvent déboucher sur un emploi dans les territoires ruraux. Cependant, l’hébergement en clinique est délicat pour un travail de plusieurs mois, et l’offre locative est faible dans ces zones isolées. Ainsi, les organisations émettent l’idée de résidences partagées pour les nouveaux arrivants dans une région, ouvertes à toutes les professions.

Des aides directes sont également mentionnées. Qu’elles soient pour les vétérinaires (aide au déplacement vers les éleveurs isolés, prise en charge des astreintes) ou pour les agriculteurs (aides pour des structures de contention), ces soutiens financiers sont perçus comme étant « intéressants pour répondre à des problèmes avérés ».

Une structure paritaire nationale

L’étude, qui porte sur 11 territoires à l’échelle nationale, a montré une hétérogénéité des situations en France. C’est pourquoi les organisations professionnelles vétérinaires et agricoles jugent intéressant de produire « des synthèses de suivi des plans d’action locaux, notamment pour optimiser le partage des meilleures pratiques d’un territoire à l’autre ». Cette gouvernance paritaire pourra être développée à des échelles plus locales.

La télémédecine a été étudiée, mais ne semble pas être une solution envisageable sur le terrain, selon ces organismes de santé.

(1) Chambres d’agriculture France, la FNSEA, GDS France, l’Ordre des vétérinaires, la SNGTV et le SNVEL.