À la ferme du Hamel au Cœur, située à Saint-Jean-de-Folleville (Seine-Maritime), les logettes des laitières sont paillées avec le miscanthus produit sur l’exploitation. « Il est plus absorbant que la paille, apprécient Thomas et Germain Trouvay, deux frères associés. Les mamelles sont plus propres et la fréquence de nos apports réduite. »

Produisant 1,3 million de litres de lait avec 150 prim’holsteins, la ferme compte deux associés et trois salariés à temps plein pour 190 hectares.

Confrontés à des problèmes d’érosion, Thomas et Germain se sont intéressés au miscanthus. Avant de mettre en place cette culture pour une durée minimale de vingt ans, 90 m³ ont été testés dans les logettes et les aires paillées. Satisfaits côté d’élevage puis au niveau agronomique, les associés de la SCEA ont progressivement implanté cinq hectares en lisière de lotissements et dans les marais. « Suite à des pertes de foncier, nos productions de blé ont été réduites, le miscanthus nous permet d’éviter les achats de paille », ajoute Thomas.

La coupe de l’ensileuse doit être la plus fine possible avec des brins d’un à deux centimètres pour éclater la tige et maximiser le pouvoir absorbant. (©  Claire Guyon Maite)

Des complications pour la reprise et l’épandage

Le miscanthus doit être récolté à 15-17 % d’humidité pour éviter tout risque d’échauffement et de pourrissement. « Nous suivons les recommandations de la chambre d’agriculture qui réalise des échantillons hebdomadaires de mars à avril, indique Thomas. Nous veillons ensuite à ce que la coupe de l’ensileuse soit fine avec des brins d’un à deux centimètres pour éclater la tige et maximiser le pouvoir absorbant. »

Les apports de miscanthus sont réalisés avec un godet désileur dans la partie supérieure des logettes une à deux fois par semaine soit deux fois moins souvent qu’avec la paille. « La pailleuse n’est pas adaptée pour le miscanthus car sa manipulation génère plus de poussière », indique l’éleveur. Au quotidien, le raclage des logettes est similaire. Germain ajoute également du miscanthus dans leur ration, « jusqu’à 250 g par animal pour activer la rumination ».

Deux fois moins fréquents qu’avec la paille, les apports sont réalisés avec un godet désileur pour limiter les poussières. (©  Claire Guyon Maite)

Pour les génisses et les vaches taries, le paillot démarré avec une trentaine de centimètres d’épaisseur est également rechargé moins souvent. « Nous libérons du temps pour les travaux en plaine, dit Thomas. Malheureusement nous ne sommes pas autonomes, notre production assure un paillage d’avril à octobre environ. »

Germain alerte toutefois : « En système tout lisier comme le nôtre, le miscanthus complique la reprise et l’épandage. » Le choix de la tonne à lisier apparaît ainsi déterminant pour éviter les obstructions. « Une table d’égouttage ou un séparateur de phase seraient judicieux », notent les deux frères.