Ce n’est pas un scoop : élever une vache laitière coûte de l’argent, surtout lorsqu’elle ne produit pas. Celles qui auront produit beaucoup de lait au cours de leur vie auront d’autant mieux rentabilisé leur coût d’élevage. Cette efficience économique se traduit par un ratio appelé : « lait par jour de vie » élevé. Cet indicateur intéressant pour piloter son propre troupeau est cependant à double tranchant.
Deux stratégies différentes
« Le lait par jour de vie n’est pas un indicateur de longévité : on le voit souvent augmenter uniquement sous l’effet de la productivité, constate Mathilde Vial, conseillère en élevage bovin lait chez Adice Conseil Élevage, en Isère. En effet, deux stratégies permettent d’améliorer ce critère : augmenter la productivité journalière de la vache ou allonger sa durée de vie productive. Et même si les deux leviers peuvent être actionnés ensemble, ce n’est pas le plus fréquent sur le terrain. »
Période de vie improductive
Une étude de l’Idele publiée en décembre 2024 rapporte que les vaches laitières réalisaient en moyenne 2,95 lactations en 2023 (1). Avec un âge à la réforme inférieur à six ans pour un vêlage à 30,3 mois, la moyenne nationale s’établit à 11,4 kg de lait produits par jour de vie… Alors qu’elle est de 25,5 kg de lait par jour de traite ! L’intérêt de maximiser le nombre de jour de traite sur la vie totale de l’animal saute aux yeux.
À production journalière égale, deux actions permettent d’augmenter le lait par jour de vie : faire vêler plus tôt ou réformer plus tard.
Vêlage précoce
« En général, l’avancement de l’âge au vêlage fait gagner au maximum une lactation car il n’influe pas sur l’âge de réforme », observe Mathilde Vial. Les élevages où l’on vêle tôt sont même rarement champions de la longévité. « Ce sont souvent des élevages où la génétique pousse le renouvellement, et qui font beaucoup de tri en première lactation, constate Adrien Raballand, responsable du conseil bovin chez Adice. Les moins productives partent alors après la première lactation, même si celle-ci peut être allongée — parfois jusqu’à 450 jours. »
Longévité
Quand la carrière de la vache s’allonge, sa durée de vie improductive s’amenuise par rapport à sa durée de vie totale. Et allonger sa carrière est d’autant plus intéressant qu’il lui faut une à deux lactations avant d’atteindre son plein potentiel laitier. Après la troisième lactation, il n’y a plus de gain à espérer sur la productivité, mais la vache a alors amorti son coût d’élevage : elle a besoin de produire moins de lait pour rentabiliser sa présence.

Amortir le coût d’élevage
L’outil Efficow permet de visualiser sur un graphe l’efficacité économique de chaque individu du troupeau laitier. « On observe qu’en moyenne, les vaches remboursent leur coût d’élevage à partir de la deuxième lactation, observe Adrien Raballand. Et on se rend compte que les vaches les plus âgées sont généralement les plus rentables dans le troupeau. » S’il existe sans aucun doute un plafond, il est rarement atteint en pratique…
La longévité des vaches ne peut toutefois s’améliorer qu’à condition d’avoir une bonne gestion sanitaire pour éviter les réformes subies (mammites, boiteries, etc.) et la dégradation de la qualité du lait (les problèmes de cellules ayant tendance à s’aggraver avec l’âge).
Bénéfices annexes
Gagner en longévité revient à réduire le besoin de renouvellement. En plus de l’économie sur le coût d’élevage des génisses, cela réduit la proportion de primipares dans le troupeau. « Celles-ci étant moins productives, surtout si elles vêlent tôt, on va ainsi augmenter le lait produit par place en bâtiment, et donc optimiser les installations », ajoute Mathilde Vial.
(1) Résultats contrôle laitier 2023 — Idele.