A-t-on progressé en matière de longévité des vaches laitières ? S’il n’existe pas d’indicateur de longévité à proprement parler, la durée de vie des vaches laitières, la durée de lactation cumulée ou encore le nombre de kilos de lait par jour de vie peuvent donner des indices. À l’aide de l’analyse de données de 12 215 élevages entre 2010 et 2022 (1), l’Institut de l’élevage (Idele) dresse un premier bilan de l’état des lieux en France dans son projet Alonge.

Résultat : sur cette période, « la durée de vie des vaches laitières a baissé de 60 jours. En 2022, la médiane s’établissait à 5,75 ans et descend au-dessous de 4,2 ans dans 25 % des cas », livre Gilles Thomas, statisticien à l’Idele, à l’occasion d’un webinaire organisé le 29 novembre 2024. La durée de lactation cumulée est, elle, restée stable sur 12 ans.

Sur l’échantillon étudié, la médiane était de 2,6 ans en 2022. Dans le même temps, le lait produit par jour de vie a augmenté de 1 kg. « Ce résultat provient de la rencontre entre une durée de lactation cumulée stable et l’augmentation de la productivité que nous connaissons depuis plusieurs décennies », résume Gilles Thomas. Cependant, le spécialiste nuance les résultats. « Nous avons observé une forte variabilité de chacun de ces indicateurs de longévité. Ils sont influencés par la race, l’âge au premier vêlage, la taille du troupeau… »

La taille du cheptel compte

Concrètement, la durée de vie des vaches laitières est plus courte dans les troupeaux de plus grande taille. L’étude montre qu’entre un troupeau de 15 à 45 vaches et un troupeau d’au moins 135 vaches, la durée de lactation cumulée recule de 4,5 mois en races prim’holstein et montbéliarde. Cette baisse est de 2 mois entre petits et grands troupeaux pour la race normande. « La productivité par vache laitière augmente avec la taille du troupeau, mais elle est compensée négativement par la réduction de la durée de lactation », traduit Gilles Thomas. Cela signifie qu’avoir un troupeau plus grand n’a pas d’effet positif significatif sur la production cumulée par vache.

« Est-ce que les génisses qui entrent dans le troupeau en poussent d’autres vers la sortie ou est ce que les réformes créent un appel d’air pour les nouvelles recrues ? s’interroge Julien Jurquet, responsable de projet à l’Idele. Nous n’avons pas la réponse. Nous souhaitons objectiver cette question du renouvellement dans la suite du projet. »

Une chose est certaine, dans les 12 215 troupeaux laitiers étudiés, la médiane se situe à 31,7 % de renouvellement annuel en 2021. Mais 25 % des élevages ont un taux de plus de 37,8 % et un quart se situent en dessous de 25 %. « Le renouvellement est très variable selon les troupeaux, selon l’année et son contexte », décrypte Amandine Launay, chef de projet en génétique bovine à l’Idele. Et de résumer : « Les index génétiques de longévité des vaches laitières s’améliorent, mais ce n’est pas ce qu’on observe sur les fermes », résume Amandine Launay.

(1) l’Idele a recensé les élevages actifs de façon continue au contrôle de performances entre 2010 et 2022 grâce à la Banque de données nationales d’identification (BDNI) et le Système d’information génétique (SIG). Une majorité des élevages se situent dans les Pays de la Loire, en Bretagne et en Auvergne-Rhône-Alpes.