Sur l’exploitation de Cathy et Ivan Peucet, la production a presque doublé en quatre ans, pour désormais atteindre 1,42 million de litres (Ml). Ivan s’est installé en 2007 avec 330 000 l sur 60 ha. Son épouse Cathy est venue le rejoindre en juillet 2016, en reprenant une exploitation à 10 km pourvue d’une référence de 760 000 l. « Nous avons décidé de construire un nouveau bâtiment de 130 places donnant sur un îlot de 40 ha accessible à proximité de notre habitation », explique le jeune couple. Leur stratégie est claire : « Produire au maximum pour saturer le bâtiment. »

Taux d’élevage de 37 %

Cette importante évolution sur une surface totale équivalente n’a pas été sans conséquence sur le système de production. « Nous avons racheté du lait, un nouveau tank, des fourrages, et pris des vaches en location. Ce développement a été autofinancé à hauteur d’environ 80 000 € en 2018 et 50 000 € en 2019. » En conséquence, la trésorerie s’est tendue. Début 2020, à la suite d’un tour de table, les éleveurs ont découvert l’outil GTE Lait proposé par Eilyps, une entreprise de conseil en élevage. Arnaud Frin, d’Eilyps, a réalisé un diagnostic pour établir les forces et les faiblesses du système. « Nous avons listé des actions à mettre en place afin d’améliorer la rentabilité de l’élevage », explique le consultant.

La référence laitière n’est pas atteinte. Les éleveurs estiment le niveau de saturation de leur outil à 135 vaches, compte tenu de la main-d’œuvre, des bâtiments et des équipements. L’objectif est donc de commercialiser entre 1 400 000 et 1 500 000 l de lait, soit 30 litres/vache/ jour. Avec l’augmentation de la référence laitière, les époux Peucet ont choisi d’élever le maximum de génisses pour limiter l’introduction d’animaux venant de l’extérieur. La priorité a donc été de travailler sur le renouvellement pour l’adapter à la taille du troupeau. « La règle, c’est un taux d’élevage de 35 %, pour couvrir 25 % des réformes, faire face à 5 % de mortalité des vaches, et conserver 5 % de sécurité », rappelle Arnaud Frin. Pour le Gaec, cela revient à élever 50 génisses par an maximum et cesser la vente de génisses amouillantes, coûteuses à produire et chronophages. En moins de six mois, les éleveurs ont réussi à abaisser le taux d’élevage de 47 à 37 %. Avec à la clé 11 génisses de moins à élever par an et une économie de 12 000 €. Autre axe de travail : abaisser l’âge au vêlage de deux mois pour un gain estimé de 4 000 € par an.

Le troupeau bénéficiant d’un bon potentiel génétique travaillé depuis des années, les éleveurs ont décidé de génotyper l’ensemble des génisses pour identifier les animaux à plus hautes valeurs génétiques, notamment sur les taux. « Nous inséminons les meilleures en doses sexées. » L’assolement a été revu pour adapter la production de fourrages stockés aux besoins des animaux et diminuer le coût fourrager. Il est également prévu d’implanter 9 ha de blé pour produire de la paille.

Marge sur coût alimentaire

« L’enjeu important était de produire davantage de lait sans augmenter les charges, indique Arnaud Frin. L’indicateur clé de la gestion technico-économique est la marge sur coût alimentaire (MCA). Elle permet de mesurer l’efficacité économique et la capacité de l’élevage à générer de la plus-value. L’objectif pour Cathy et Ivan est d’être au moins à 7 €/VL/jour. Une différence de 0,50 €/VL/jour peut changer beaucoup de choses, car les coûts de fonctionnement – autour de 9,80 €/VL/jour – sont élevés en raison des récents investissements sur l’exploitation. »

« Nous avons saisi des opportunités sans mesurer toutes les conséquences, reconnaissent les éleveurs. La GTE nous a apporté un cadre et un œil extérieur. » Cela leur a surtout permis de réagir sans attendre la clôture comptable. Tout n’a pas été simple, notamment pour Ivan, féru de génétique. « Cela nous a obligés à faire des choix pour passer ce cap lié à l’évolution de l’exploitation », conclut Cathy.

Isabelle Lejas