«En l’espace de dix ans, notre référence laitière a été multipliée par presque six, mais nous avons toujours réussi à produire notre quota », explique fièrement Sébastien Nogues, producteur de lait à Gaël (Ille-et-Vilaine) avec son frère Gwenaël. Un objectif tenu grâce à un gros travail de sélection et une attention particulière portée à l’élevage des génisses.

Sébastien s’est installé en 2000 avec un quota de 130 000 l. Au fil du temps, grâce à la reprise d’une exploitation voisine, l’installation de son frère, des rallonges accordées par leur coopérative et du rachat de quota, le volume a progressé pour atteindre aujourd’hui 730 000 l. « Une fois les aménagements du bâtiment réalisés, nous nous sommes concentrés sur l’élevage des génisses, avec un objectif prioritaire : produire notre quota sans acheter d’animaux. Nous devions donc obtenir suffisamment de femelles de renouvellement », relate Sébastien.

Depuis cinq ans, ils génotypent toutes les génisses avec l’entreprise de sélection Évolution. « Les mieux indexées sont inséminées avec de la semence sexée, les autres avec de la semence classique. » Les éleveurs font réaliser un pointage des animaux une fois par an. Ils font une première sélection des taureaux. Puis, avec le résultat du génotypage, ils affinent le plan d’accouplement. Les principaux critères sont en priorité le lait, puis les taux et des membres solides. Désormais, l’accent va aussi être mis sur les sabots car les génisses restent en bâtiment.

4,5 lactations

Le génotypage a un coût : 41 €/animal (1), et la semence sexée vaut 29 à 39 € par IA, selon les taureaux. Pour compenser, les éleveurs réalisent de plus en plus de croisements avec du blanc-bleu sur les vaches à partir de la deuxième, troisième ou quatrième lactation. Il permet de vendre des veaux mâles à des prix intéressants (de l’ordre de 300 à 400 €). « À l’heure actuelle, compte tenu du prix du lait, je ne vois pas d’autre choix que d’agir sur le volume pour compresser mes charges », affirme Sébastien.

Leur politique de sélection aboutit à des vaches qui vieillissent bien. Le nombre moyen de lactations avant réforme est de 4,5 contre 3,1 en moyenne chez Eilyps, et les vaches produisent en moyenne 16,8 kg de lait/jour de vie contre 14,1 kg au niveau départemental. À l’installation de Gwenaël en 2008, le Gaec a dû acheter des vaches. Mais depuis, il a toujours réussi à produire sa référence sans y avoir recours. « Nous nous sommes donné la possibilité de répondre à un besoin de lait supplémentaire, conclut Sébastien. Anticiper, c’est exister demain. »

(1) Prix lié à un forfait annuel comprenant d’autres prestations (IA, échographie, génotypage, sexage).