«J’ai mis douze ans pour choisir mon bâtiment », lance Alexandre Riocourt à la tête de 60 montbéliardes, à Messeix dans le Puy-de-Dôme. Alors qu’il était salarié au contrôle laitier du département, le jeune exploitant a observé de nombreuses installations, et repéré les équipements qui convenaient le mieux à ses besoins. Confort de travail et des animaux ont avant tout guidé ses choix.
Soixante-Quatre Devis
« Grâce à un voyage au Canada à la fin de mes études, j’ai en outre pris conscience de l’importance de la ventilation pour évacuer l’humidité », ajoute-t-il. Des bardages ajourés sur l’un des longs pans, et un décrochage de toiture favorisent la circulation de l’air. La luminosité est de plus agréable, y compris les jours de pluie, grâce à un quadrillage de panneaux translucides sur le toit. « À l’aplomb des logettes, j’ai choisi des modèles opaques pour parer à une lumière trop puissante sur le couchage des vaches, précise Alexandre. Mon beau-frère, éleveur de vaches allaitantes, m’avait alerté, car il avait observé que ses vaches évitaient les carrés jaunes sur l’aire paillée. »
Tous les postes ont été examinés dans les plus petits détails, et 64 devis ont été réalisés. Certaines évaluations variaient de 1 à 4. Cela à permis de contenir l’investissement qui s’élève à 405 000 €, soit un peu moins de 6 400 € par place. « Je ne regrette pas d’avoir pris le temps d’analyser les différentes options. Je voulais gagner ma vie sans m’endetter à outrance. »
Des couloirs larges
L’aménagement intérieur de la stabulation est simple. Il comprend deux rangées de logettes face à face, avec deux couloirs d’exercice : l’un de 3,50 m, et l’autre de 5 m (derrière les cornadis). « Au total, les vaches disposent de 10 m2 chacune et d’une place au cornadis », explique-t-il. Les couloirs sont recouverts de tapis en caoutchouc et sont raclés automatiquement quatre fois par 24 heures. Dans les logettes, les matelas assurent le confort des animaux. « Je regrette toutefois ne pas pouvoir déclencher le fonctionnement des racleurs depuis mon smartphone », déclare Alexandre, qui a pris goût à la commande à distance avec la caméra.
Surveillance à distance
« Tous les soirs, je surveille mes vaches sur une application en pilotant l’équipement depuis le fauteuil de mon salon », indique-t-il. La caméra infrarouge, pivote et zoome de manière à observer tous les animaux de la stabulation. « Je repère ainsi quand une vache est en chaleur ou prête à vêler. Je retourne au bâtiment seulement si j’ai besoin d’intervenir. Lorsque je pars en vacances, grâce à ce système, j’ai la possibilité de vérifier que tout se passe bien. »
Autre équipement innovant, l’installation électrique basse tension. « Elle est moins gourmande en fil de cuivre, ce qui limite les coûts », signale Éliane Teissandier, conseillère bâtiment à l’EDE du Puy-de-Dôme. L’ensemble se pilote via le smartphone, et la commande de la coupure générale peut s’effectuer à chaque porte, épargnant ainsi les déplacements.
Alexandre évalue son travail d’astreinte à 5 heures par jour en comptant la traite, le lavage, l’alimentation, le suivi des veaux… « L’aménagement avec la salle de traite 2 x 6 autorise à travailler seul, insiste-t-il. Le soir, je trais à 16 h 30 afin d’être rentré à 19 heures à la maison, et de profiter de ma famille. »
Alexandre s’est beaucoup investi dans les travaux avec l’aide de son père, de sa famille et de ses amis. L’autoconstruction a été estimée à 735 heures, sans compter le temps des devis évalué à 130 heures. « C’est une sage précaution, si l’on veut se préserver des mauvaises surprises, assure Éliane Tessandier. Établir des devis permet ensuite de contrôler que les plans sont bien suivis. Certaines erreurs de réalisation, comme un rainurage ou une pente non conformes, peuvent être lourdes de conséquences, et leur rectification s’avérer complexe. »
Marie-France Malterre