«Nous utilisons systématiquement des coproduits depuis une dizaine d’années, car notre production de fourrages grossiers est insuffisante », explique Paul Muller, installé à Narbéfontaine, en Moselle, avec son épouse Christiane, sa belle-sœur Marie-Claire et le fils de celle-ci, Denis.

Le Gaec Sainte-Suzanne compte 210 hectares, dont 60 ha de prairies naturelles. Un troupeau laitier de 100 prim’holsteins (livraison totale de 860 000 litres) cohabite avec un atelier viande de 16 mères salers. Le chargement frôle les 2 UGB/ha (contre 1,05 en moyenne en Moselle). Le système est donc quasi intensif.

L’exploitation achète chaque année l’équivalent d’une dizaine de camions de drèches de brasserie et de corn-feed humide, soit près de 300 tonnes de coproduits, auprès de fournisseurs en Alsace, la proximité géographique rendant ce système viable économiquement. « La pulpe de betterave est très intéressante dans la ration, tout comme les pommes de terre, mais nous sommes trop éloignés des usines », note Denis. Un silo est réservé aux coproduits, ce qui n’est pas souvent le cas sur les exploitations. « Le nôtre a une capacité de 155 m³, précise Paul. Peu large et peu haut, il permet un avancement rapide et réduit fortement les pertes. »

115 €/t brute

Les coproduits sont systématiquement mélangés avec des produits secs, afin d’améliorer la conservation. Le mélange final se compose de 36 % de drèches, 36 % de corn-feed, 14 % de correcteur azoté (1) et 14 % de céréales. Avec la mélangeuse d’une capacité de 20 m³ et deux télescopiques, il faut aux agriculteurs une heure pour préparer 30 tonnes de mélange. Le coût de revient est de 115 euros la tonne brute, hors main-d’œuvre, soit 235 €/t de matière sèche et 8,5 €/point de protéine.

Denis conçoit les rations avec Cédric Gutzwiller, leur conseiller de la chambre d’agriculture. Les éleveurs n’ont pas installé de Dac, un système qu‘ils trouvent « fastidieux ». « Nous n’allotons pas non plus, afin de simplifier la conduite du troupeau, ce qui est plus confortable », précise-t-il.

En ration complète, le coût alimentaire s’est élevé à 129 €/1 000 l durant l’hiver 2016-2017, pour un niveau de production de 9 300 à 9 500 l par vache, à 42,4 g/kg de TB et 34,4 g/kg de TP.

Les rations sont revues tous les mois, en fonction des quantités disponibles sur l’exploitation, les coûts des coproduits, l’âge des animaux, les stades de lactation… « Cela permet de corriger le tir rapidement », note Denis.

Et Paul d’ajouter : « L’adhésion au contrôle laitier peut paraître un poste financier important, mais au final, on s’y retrouve vraiment, car les résultats nous permettent de gérer au mieux et de faire moins d’erreurs. »

(1) Le correcteur azoté est acheté via un contrat à terme, en association avec une exploitation voisine.