En 2014, parmi les adhérents du CER 35, le prix d'équilibre du lait se situait à 367 €/1 000 l, tandis que le quart supérieur des éleveurs affichait moins de 333 €/1 000 l. Ce critère se calcule en ajoutant les charges opérationnelles, les charges de structure, les dépenses financières et les prélèvements privés, auxquels on retranche les DPU et autres aides, les coproduits bovins et les marges des autres productions. « Ce montant doit être couvert par le prix de vente du lait », précise Luc Mangelinck, du CER 35, qui conseille d'établir un prévisionnel du prix d'équilibre sur l'année, afin de mieux évaluer les besoins en trésorerie.

Si la laiterie accorde des volumes supplémentaires, il est indispensable de les produire au coût marginal, sans aucun investissement supplémentaire en bâtiment ou matériel. Aux prix respectifs des concentrés et du lait livré, ces litrages en plus doivent être produits à partir des fourrages stockés, et non à partir d'une distribution supplémentaire de concentré. Dans ce dernier cas, le coût alimentaire dérape très rapidement. « L'efficacité marginale du kilo de concentré supplémentaire est d'environ 0,5 litre de lait/kg de concentré, rappelle Jean-Luc Reuillon, ingénieur à l'Institut de l'élevage. Selon le prix du lait, on peut vite se trouver dans une situation où le litre marginal coûte cher à produire. » Dans ce cas, accroître la production ne permet pas de diluer les charges de structure.

COMPARER AU PRIX DU LAIT

« Il peut être plus judicieux de saturer son bâtiment avec quelques vaches en plus mais en acceptant une légère baisse de production par vache, avec une ration moins riche en concentré », insiste Dominique Caillaud, de l'Institut de l'élevage. Le coût marginal du lait inclut les charges opérationnelles. Il faut aussi ajouter quelques euros de charges de structure, puisqu'il faut non seulement nourrir la vache pour ces litrages supplémentaires mais aussi cultiver, récolter et distribuer sa ration, la soigner, changer la litière et la traire.

Ensuite, le coût marginal doit être comparé au prix auquel le lait supplémentaire est acheté. Certaines laiteries ont mis en place des pénalités de dépassement de volume contractualisé très élevées, calquées sur les anciennes pénalités de dépassement des quotas (286 €/1 000 l), qu'il faut alors soustraire au prix du lait. D'autres entreprises proposent un volume C à un prix rédhibitoire. Si le prix d'achat reste supérieur au coût marginal, l'éleveur a intérêt à produire jusqu'à saturation de son outil. S'il est inférieur, alors mieux vaut ne pas produire ce volume.

Sur les comptes d'exploitation de septembre 2013-août 2014 calculés par le CER 35, les charges opérationnelles frôlent 200 €/1 000 l. Elles sont à 190 €/1 000 l pour la moyenne des élevages. On n'est pas très loin de 220 €/1 000 l atteints par la valorisation beurre-poudre... Néanmoins, pour le quart des élevages les plus efficaces, ces charges descendent à 161 €/1 000 l, ce qui laisse davantage de marges de livraison.