De l’herbe dans la ration
Des avantages…
En raison d’un problème d’accessibilité lié au parcellaire de l’exploitation, à la suite de la mise en place d’un robot de traite ou lors d’un agrandissement du troupeau, l’accès au pâturage se trouve parfois limité. Cependant, compte tenu de ses nombreux bienfaits, les éleveurs souhaitent conserver de l’herbe fraîche dans leur ration. Si les vaches ne vont pas pâturer, la solution est de leur amener de l’herbe à l’auge grâce à de l’affouragement en vert. « Cette technique permet de conserver une production de lait élevée avec de l’herbe, en diminuant la part de maïs et de concentrés azotés », indique Samuel Danilo, de BCEL (1) Ouest. Elle va, en outre, aider à valoriser des parcelles en herbe non accessibles, des couverts végétaux et à construire autrement les rotations. Les utilisateurs mettent en avant la diversification des rations, qui serait favorable à la santé du troupeau, mais cela est difficile à chiffrer. Pour certains, cette pratique aide à la gestion du pâturage et augmente le rendement en herbe des parcelles : une fauche après deux ou trois passages régénère la prairie et la qualité du pâturage suivant. Elle permet aussi de diminuer les fauches en ensilage, foin, enrubannage.
… et des inconvénients
L’inconvénient majeur reste le prix du matériel, qui augmente les coûts de la distribution des fourrages. La technique oblige à aller chercher l’herbe chaque jour. La présence plus importante des animaux dans le bâtiment est également à noter. Elle est susceptible d’engendrer divers problèmes : boiteries, gestion des déjections… « Attention, l’affouragement exacerbe la concurrence à l’auge, avec un effet identique à la betterave. Il est difficilement compatible avec un manque de place », alerte Samuel Danilo.
Choix du matériel
Selon la taille du troupeau
• Ensileuse à fléau avec remorque derrière un tracteur. À privilégier pour une utilisation de deux à trois mois dans l’année (maximum de 800 kg de matière sèche par vache et par an (2).
• Remorque faucheuse autochargeuse distributrice. C’est un outil complet, qui permet une simplification du travail. Son coût nécessite de l’utiliser de façon intensive (250 jours par an et 1 500 kg de MS/VL/an).
• Remorque autochargeuse plus faucheuse frontale. Un outil plus polyvalent, avec deux matériels indépendants qui peuvent servir à la fois pour l’affouragement, la fauche, l’ensilage et la distribution de la ration.
Diluer les coûts
Quels que soient le nombre de vaches et le type de matériel, il faudra récolter un maximum d’herbe pour diluer le coût de l’investissement. Selon les simulations réalisées par BCEL Ouest, on peut diviser par deux le coût total par vache en fonction du volume d’herbe valorisé sur l’année. Par exemple, un éleveur dont le coût moyen pour cette technique est de 90 €/VL/an verra son coût monter à 127 € s’il ne valorise que 800 kg de MS/VL/an, ou réduit à 60 €/VL/an s’il récolte 2 t de MS/VL/an. D’où l’intérêt d’une utilisation intensive du matériel (au moins 250 jours par an avec les autochargeuses).
Isabelle Lejas
(1) Bretagne conseil élevage Ouest.
(2) MS : matière sèche. VL : vache laitière.