Quels sont les avantages et les inconvénients de la limitation de la tétée des veaux pendant la reproduction des vaches ? L’Institut de l’élevage (Idele) et les chambres d’agriculture des Pays de la Loire se sont penchés sur la question, jusqu’à ce jour peu référencée. D’après une enquête menée auprès de neuf éleveurs, « l’accès limité aux cases des mères nécessite un temps d’investissement plus important au moment de l’éducation des veaux, mais ceux qui le pratiquent constatent une meilleure surveillance et une identification facilitée des problèmes de santé », renseigne Fabrice Bidan, expert à l’Idele. « On voit tout de suite si un veau ne se lève pas », explique l’un d’entre eux.

Une meilleure surveillance

Pour aller plus loin, un essai intitulé OptiRepro a été mené à la ferme expérimentale des Établières, en Vendée, pour comparer les deux pratiques. Dans ce cadre, deux lots de 16 couples mère-veau ont été suivis en 2017 et 2018. Les observations ont débuté lorsque les veaux étaient âgés de 40 à 50 jours, et ce, jusqu’au sevrage, à 230 jours. Pour la conduite bloquée, deux tétées étaient programmées matin et soir. « La période de 40 à 110 jours a été ciblée sur la reproduction des mères, en prenant comme hypothèse de départ que la limitation de la tétée diminue la durée d’anœstrus ou l’expression des chaleurs », indique Fabrice Bidan. Or, les résultats de l’étude n’ont pas mis en évidence de différence significative.

Observer le comportement

S’agissant de la croissance des veaux, une tendance sensible en faveur des animaux bloqués a été identifiée lors du suivi du gain moyen quotidien (GMQ) de 70 à 230 jours. Après analyse des observations comportementales, « les veaux dont la tétée est limitée ont une activité journalière similaire à leurs congénères en cases libres », souligne le spécialiste. Cependant, davantage de stéréotypies (jeux de langue, léchages de support) ressortent. Ces résultats restent à expliquer : « Ces comportements ont-ils lieu juste avant le lâcher des veaux ? Décrivent-ils alors des signes d’impatience plus qu’un mal-être physiologique ? », s’interroge Fabrice Bidan.

Une mortalité moindre

En parallèle de cette étude, les pratiques de 1 076 élevages de Bovins croissance (BC) ont été répertoriées dans le bassin Ouest. Les résultats des performances de reproduction plus détaillés ont été étudiés à l’échelle des départements des Deux-Sèvres et de la Vendée, deux zones concentrant de façon marquée la pratique de la limitation de la tétée.

D’après les données comparées de 146 élevages en conduite bloquée et de 156 en conduite libre, les résultats mettent en lumière un gain de cinq jours sur l’intervalle vêlage-vêlage lorsque l’éleveur applique la limitation de la tétée. Cette pratique se traduit aussi par une hausse de la production globale de viande de 4 %. S’agissant des veaux, une mortalité naissance-sevrage plus faible (- 1,2 %) est constatée dans les élevages pratiquant la conduite bloquée. Quant à leur croissance, des GMQ supérieurs sont constatés sur la période 120-210 jours, aussi bien chez les mâles (+ 68 g/j) que chez les femelles (+ 56 g/j).

Lucie Pouchard