Dans certaines régions, la sécheresse estivale et automnale a largement entamé les stocks fourragers, normalement destinés à l’alimentation hivernale. « En premier lieu, il faut évaluer le manque, explique Amélie Bouchant, conseillère en alimentation à la chambre d’agriculture de l’Allier. S’il n’excède pas 10-15 %, il est possible de passer l’hiver en faisant quelques économies. »
Réduire le gaspillage en associant les bons fourrages aux bonnes catégories d’animaux est une première piste (voir le tableau ci-dessus). « S’il y a une période à ne pas négliger, ce sont les trois semaines avant et après le vêlage, insiste la conseillère. Avant la mise bas, la capacité d’ingestion est faible et les besoins forts. Il faut donc un fourrage de très bonne qualité. » Pour une vache de grand format, type charolaise, un apport journalier de 800 g de PDI et de 8,5 UF assurera la production d’un colostrum riche et garantira une bonne maturation des follicules qui serviront lors de la prochaine reproduction.
De la paille peut être introduite dans l’alimentation afin de diminuer l’apport de fourrages. Cette stratégie s’accompagne d’une reconcentration de la ration. « 10 tonnes de foin équivalent à 7 tonnes de paille complétées par 22 quintaux de céréales et 9 quintaux de tourteaux de colza, détaille Amélie Bouchant. En phase de préparation au vêlage, une ration type peut être composée de 7 kg de foin (0,65 UF, 65 g de PDIN, 75 g de PDIE), 4 kg de paille, 1,5 kg de céréales et 1 kg de tourteaux de colza. L’analyse des fourrages permet d’affiner le calcul. »
80 % du rumen rempli
Si la paille vient à manquer, il est envisageable de combler la capacité d’ingestion des bovins à 80 % seulement. « Cela ne détériore pas les performances, à condition que les besoins soient couverts et que la ration soit fractionnée en deux repas identiques, indique la conseillère. En revanche, cette technique ne doit pas s’appliquer aux génisses d’un an, dont la conduite alimentaire vise à développer la capacité d’ingestion. »
Enfin, la complémentation vitaminique est à considérer attentivement cette année. « Depuis juillet, la paille et le foin remplacent l’herbe, qui est beaucoup plus riche en vitamines. Les animaux peuvent donc souffrir de carences. »
Valérie Scarlakens