Quand on pense agriculture, le Japon n’est pas le premier pays qui nous vient à l’esprit. En revanche, pour la robotique, c’est le premier mot qui nous vient à la bouche. La patrie d’origine d’Asimo (robot doté d’une intelligence artificielle conçu par Honda) est bel et bien lancée dans la course à la robotique agricole.

 

Le Japon profite notamment des talents et de la ferme de l’université d’Hokkaido, la grande île au nord du pays. Cette université met à la disposition de ses chercheurs une de ses deux fermes de 35 hectares. Cet espace leur sert de terrain de jeu pour créer et tester des technologies d’agriculture de précision ou de robotique. Tracteurs esclaves, autonomes, drones, moissonneuses tous les types de machines y passent.

 

Tester des ensembles maître-esclave

Le professeur Shin Nogushi, expert en robotique agricole, confie « privilégier les tracteurs de petites dimensions car ceux-ci sont plus sûrs et moins impactants sur le sol ». En travaillant avec les plus grands constructeurs de matériels agricoles, l’équipe du professeur a pu réaliser nombre de prouesses. Tout a débuté par des tests de tracteurs esclaves.

 

Une première machine automatisée, mais avec un chauffeur, préparait le lit de semences tandis qu’une seconde s’occupait du semis mais cette fois, sans avoir besoin de chauffeur. Un seul chauffeur pour deux machines donc. Et ceci n’était que le début puisque quelques années après, ce sont 4 tracteurs qui fonctionnent en simultané sur la même parcelle. La flotte de tracteurs Yanmar est coordonnée et pilotée en amont de manière à travailler en harmonie.

 

Circulation autonome du hangar au champ

Ces chercheurs ont tellement automatisé ces machines que leur flotte est capable de se déplacer d’elle-même des bâtiments au champ. De plus, la robotisation ne se limite pas au travail du sol et au semis. L’université a également en sa possession un automate de pulvérisation. Enfin, c’est une moissonneuse Kubota, elle aussi sans pilote, qui se charge de la récolte. Des drones survolent les champs pour les analyses de végétation.

 

Un centre de contrôle

Toute cette flotte de machine autonome peut donc former une ferme robotique de la préparation du sol à la récolte où les tracteurs se déplacent en totale autonomie. Plus besoin de main-d’œuvre, dont le Japon manque cruellement, pour la conduite. Cette armada est surveillée depuis un centre de contrôle dans les bâtiments de la faculté où un opérateur à la main sur deux écrans : un pour les commandes, la création des tâches et pour connaître les statuts des opérations et un second pour avoir un visuel renvoyé par les caméras de surveillance positionnées sur les engins.

 

Utiliser l’intelligence artificielle

Si cette ferme semble à la pointe de la technologie, cela ne satisfait toujours pas le professeur Nogushi. « Ces tracteurs ont beau être autonomes, ils ne sont quand même pas intelligents. Nous devons à présent aller plus loin et utiliser la télématique, les capteurs de végétation, de rendements et l’intelligence artificielle pour pouvoir faire de la modulation de doses sur les tracteurs robotisés », explique-t-il en parlant de l’avenir de ses recherches. En ce qui concerne plus directement les agriculteurs, les machines autonomes commencent à fouler timidement les champs japonais avec les premières unités de tracteurs vendues.