« Les cours des céréales s’enflammaient hier, le mercredi 21 juin 2023 sur Euronext, dans le sillage de Chicago, avec des prévisions météorologiques qui confirment la poursuite d’un temps sec aux États-Unis. […] La volatilité reste donc de mise, incitant à une gestion prudentielle du risque de prix dans ce contexte où la météo américaine reste le principal [moteur du marché] », indique Agritel dans sa note quotidienne.

Ainsi, la tonne de blé a ainsi clôturé à 247 euros sur l’échéance de septembre (+8 euros par rapport à la clôture précédente) et à 254,50 euros sur celle de décembre (+8,25 euros). La tonne de maïs a terminé la séance à 246,25 euros (+4,50 euros) sur l’échéance d’août et à 244,75 euros (+5,75 euros) sur celle de novembre.

Blé russe dominant

Les opérateurs ont pris une « claque » mardi soir avec la publication du rapport hebdomadaire du ministère américain de l’Agriculture (USDA), qui révèle une nouvelle dégradation des conditions de culture du maïs, « les plus mauvaises depuis 1992 », indique à l'AFP Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage. Causée par un déficit hydrique, cette dégradation provoque des tensions à la Bourse de Chicago, mais inquiète également le marché européen, avec un blé « nerveux » ces derniers jours, souligne Gautier Le Molgat, du cabinet Agritel (Argus Media France), également cité par l’AFP.

Dans le même temps, le blé européen, dont le cours est remonté, est confronté à des prix extrêmement compétitifs proposés par les Russes, qui cherchent des consommateurs pour se délester de leurs stocks colossaux. « Avec une différence de prix aussi forte, les Russes risquent de gagner beaucoup de parts de marché » au détriment des exportateurs européens et américains de blé, analyse Gautier Le Molgat.

Ce jeudi 22 juin, vers midi, la tonne de blé perdait 0,50 euro sur les échéances de septembre et de décembre, s’affichant à 246,50 et à 254 euros. La tonne de maïs reculait quant à elle de 0,25 euro sur les échéances d’août et de novembre, à 246 et 244,50 euros.

Attendre la pollinisation

« Le weather market génère des mouvements qui sont amplifiés par la sphère financière », alors qu’en réalité, il faut attendre le mois de juillet, lors de la pollinisation, pour mieux estimer le rendement des cultures, explique Damien Vercambre.

Ce genre d’épisode faisant monter les cours survient fréquemment au mois de juin, en période de croissance des cultures, et il « est en général de courte durée », avant que le marché ne se focalise plutôt sur la demande, estime quant à lui Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisor, mentionné par l’AFP. D’autre part, des pluies sont tombées le week-end dernier dans le sud-est des États-Unis, et d’autres devraient également venir apporter de l’eau au maïs de la Corn-belt dans les prochains jours, indique-t-il.

Corridor au second plan

Selon Gautier Le Molgat, les incertitudes pesant sur la prolongation de l’accord d’exportation des céréales ukrainiennes, qui expirera le 18 juillet 2023, sont « passées au second plan » derrière les craintes liées à la météo. « Beaucoup d’opérateurs ont fait une croix » sur la poursuite de cet accord, appuie Damien Vercambre. Ce qui a soutenu les cours du blé, sans les faire flamber pour autant.