Le prix du blé, qui chute depuis deux semaines, était mercredi 8 mars 2023 au plus bas depuis le 22 février 2022 sur le marché européen, dans un contexte où les très belles productions russe et australienne ont repoussé au second plan les inquiétudes géopolitiques. Il entraînait le maïs dans son sillage.
La tonne de blé a clôturé en effet à 266,75 euros (–3,25 euros par rapport à la clôture précédente) sur l’échéance de mai et à 262,75 euros sur celle de septembre (–2,75 euros). La tonne de maïs a perdu 3,50 euros sur l’échéance de juin et 2 euros sur celle d’août, à 262 et 264,75 euros.
Perte de compétitivité du blé russe
"Le marché du blé européen, aidé par la baisse de l’euro d’une part face au dollar et aussi par le nouveau mouvement de baisse de prix, regagne en attractivité par rapport aux origines russes, explique Agritel. Le blé russe est en effet abondant et le pays cherche à gagner des parts de marché en baissant encore ses prix. « Cela entraîne un mouvement général de baisse, car il reste par ailleurs beaucoup de blé à sortir de Roumanie et de Bulgarie », à une « période habituelle de ralentissement des achats du Moyen-Orient, qui attend ses propres récoltes en avril-mai », explique Sébastien Poncelet, d’Agritel.
À la Bourse de Chicago, le blé s’est également replié mercredi, de 10 cents par boisseau, après être tombé à son plus bas niveau depuis 2021. Le maïs a reculé, quant à lui, de 9 cents.
Le rapport mensuel du ministère américain de l’Agriculture (USDA) sur les estimations mondiales de productions, stocks et exportations, a été « neutre en blé » et a revu fortement en baisse les prévisions de production argentine de maïs (–7 millions de tonnes, à 40 millions de tonnes) et de soja (–8 millions, à 33 millions de tonnes), du fait du manque de pluie.
Corridor à l’export ukrainien
Par ailleurs, la perspective du maintien du corridor à l’exportation rassure après les déclarations communes des autorités ukrainiennes et de l’ONU. La reconduction officielle est toutefois encore attendue à l’approche de la date de fin du dernier accord le 18 mars 2023.
En dépit de nouvelles menaces russes de bloquer ce renouvellement, « les marchés ne croient pas à un arrêt du corridor », notamment du fait de la position de Pékin. « Dans son plan de paix en 12 points présenté à la fin de février, la Chine s’est prononcée très clairement pour le maintien du corridor, dont elle est devenue le premier bénéficiaire, avec 4,9 millions de tonnes de produits agricoles importés, devant l’Espagne (4,1 millions de tonnes) et la Turquie (2,7 millions de tonnes) », souligne Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.
Retour de la pluie
Autre facteur limitant la hausse des cours : le retour de la pluie en Europe de l’Ouest, à « un moment favorable pour les cultures ». « Cela ne remplira pas les nappes phréatiques, mais cela va profiter aux cultures à un moment clé de la croissance », signale Daniel Vercambre.
Ce jeudi 9 mars 2023, vers 12h30 sur Euronext, la tonne de blé progressait de 0,50 euro sur l’échéance de mai, à 267,25 euros, et de 0,75 euro sur celle de septembre, à 263,50 euros. Celle de maïs grimpait de 1,25 euro sur l’échéance de juin, à 263,25 euros, et de 0,25 euro sur celle d’août, à 265 euros.