Les industriels de la fertilisation (Unifa), après un bilan de la campagne de livraisons de 2015-2016 en berne (lire l’encadré), s’inquiètent pour celle à venir. « La baisse des revenus agricoles due aux mauvaises récoltes se répercute sur les commandes de fertilisants, précise Thierry Loyer, président de l’Unifa, lors d’un point de presse le 20 octobre 2016. »
« On compte une baisse de 50 % des commandes d’amendements minéraux basiques, et de 30 % pour les engrais contenant du phosphore et du potassium, poursuit-il. Les commandes de P et K tardent à arriver. Or au printemps, les usines n’auront plus le temps de les fabriquer. Cette situation génère l’arrêt de certaines usines et le chômage partiel d’une partie des salariés. »
Pas de livraison depuis juin
« Nous n’avons rien livré ou presque depuis le mois de juin pour les apports automnaux, précise Gilles Poidevin, secrétaire et ancien délégué général de l’Unifa. Nous avons donc déjà perdu un quart de l’année. » À la fin d’août, le potassium connaît en effet une baisse des livraisons de 29 % par rapport à la moyenne des trois dernières campagnes. Le phosphore connaît aussi une baisse mais moindre, de 6 %.
« La baisse entre ces deux éléments est un peu dissociée car la prise de conscience du risque pris en baissant les apports de phosphore a débuté mais pas encore en potassium, » explique Philippe Eveillard, directeur du pôle de l’agriculture. Car l’Unifa alerte également les agriculteurs sur ce point : le désinvestissement en potassium et phosphore entraîne « des risques réels de pertes de rendement », et ce dès 2017.
Analyses de terre « indispensables »
« En 2017, raisonner l’apport de P et K avec une analyse de terre est indispensable pour ne pas perdre de rendement, estime Thierry Loyer. On peut faire des apports raisonnés mais à condition de faire des analyses de terre. Les agriculteurs qui font des impasses de manière aveugle prennent d’importants risques ! »
Philippe Eveillard rappelle que seules « 250 000 à 300 000 analyses de terre sont pratiquées en moyenne par an, soit la moitié de ce qu’il faudrait si elles étaient réalisées tous les cinq ou six ans comme préconisé. » Il regrette aussi que les résultats d’analyse ne soient pas toujours suivis des faits : « c’est malheureusement plus souvent la trésorerie qui dicte la décision de fertiliser que les résultats de l’analyse ».