«Cet hiver, nous allons enfin pouvoir rentrer tout le troupeau, après un an de travaux pour aménager notre stabulation principale. Jusqu’à présent, plusieurs lots hivernaient dehors, ce qui compliquait le travail », relèvent Marcel et Jean-Baptiste Authier.

Aménager la stabulation principale

Sous 2 700 m2 couverts de panneaux photovoltaïques, ils logent désormais 160 limousines avec leurs veaux. Sur un deuxième site, d’autres bâtiments abritent 120 génisses d’un et deux ans, ainsi que les jeunes bœufs. « En regroupant les vaches sous ce bâtiment, nous avons libéré des places dans celui destiné à l’engraissement. C’était nécessaire ! Nous voulons augmenter le nombre d’animaux finis afin de réduire celui de broutards, aussi mal valorisés en bio qu’en conventionnel », estime Marcel.

Pour y parvenir, les deux frères conservent toutes les femelles jusqu’au premier vêlage entre 32 et 36 mois. « Nous avons ainsi assez de vaches à finir pour fournir chaque semaine deux bouchers, qui les rémunèrent actuellement à 4,60 €/kg », indique-t-il.

Depuis une dizaine d’années, ils produisent aussi quelques bœufs de trois à quatre ans. « Cet automne, nous avons castré 25 veaux afin d’en produire plus, car la demande progresse », note Marcel. Ils commercialisent également des veaux et des jeunes bovins de moins d’un an par la Coopérative catalane des éleveurs, qui a des débouchés en bio. « Elle nous achète aussi des vaches à un prix revalorisé de 5 €/kg. »

 

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Peu d’achats d’aliments

L’hiver, les mères reçoivent une ration complète d’ensilage d’herbe et de sorgho, de luzerne fanée ou enrubannée, complétée si nécessaire par un kilo de farine et un kilo de paille par tête et par jour. Elles ont un bon potentiel laitier. « Lorsqu’elles ont encore du lait après la vente de leur veau, je leur en fais adopter un autre. Nous allons installer une salle de tétée dans le nouveau bâtiment pour faciliter ce travail. »

La ration de finition des vaches et des bœufs comprend 4 kg de farine par tête et par jour, ainsi que de la luzerne et du foin de graminées. « Avec 45 à 50 ha de céréales, nous arrivons à produire le plus souvent tout notre concentré, ce qui nous permet d’engraisser à moindre coût », souligne-t-il.

L’an dernier, ils ont quand même dû acheter 24 t d’orge à 280 €/t. « Pour engraisser plus, il va falloir porter la surface en céréales à 55 ou 60 ha. Nous ne pouvons pas réduire la farine si nous voulons obtenir des carcasses avec une note d’engraissement de 2 ou 3, qui correspond à la demande des bouchers. »

 

Nouvelle race à l’essai

Pour faciliter l’engraissement, les deux frères vont tester la nouvelle race redyblack (1). « Nous avons réservé 20 doses d’insémination pour 2022, afin de l’essayer en croisement avec nos limousines. Cette race valorise bien l’herbe, donne des carcasses plus légères mais conformées et faciles à engraisser rapidement, ce qui convient bien en bio. »

À partir de janvier 2022, le nouveau cahier des charges interdit l’engraissement en bâtiment en dehors de la période hivernale. Ces contraintes supplémentaires vont compliquer le travail des deux frères. « Cela va nous imposer d’investir dans des nourrisseurs pour distribuer de la farine au pré. Et nous risquons de ne pas arriver à obtenir un niveau d’engraissement suffisant », s’inquiète Marcel.

Après vingt ans en bio, ils n’ont pas l’intention de changer leur façon de travailler. Ils se demandent toutefois s’ils vont continuer à demander la certification. « Encore plus de contraintes avec peu de valeur ajoutée en face, ce n’est pas motivant, note-t-il. Il faudrait arriver à créer une vraie filière viande valorisante en bio. »

Frédérique Ehrhard

(1) Issue de croisements entre la stabiliser, l’angus et la simmental américaine.