L’EARL Thomas Coevoet est une exploitation en perpétuelle évolution. « La conversion au bio a démarré en 1999, avec la création d’un atelier de poules pondeuses, précise l’agriculteur de l’Oise qui travaillait à l’époque avec ses parents. Nous sommes ensuite passés progressivement au bio pour la totalité de nos surfaces en 2007. Nous ne produisions à l’époque, que des céréales et des œufs bio. » En 2010, Thomas Coevoet a commencé à s’intéresser aux légumes de plein champ, en introduisant ses premières surfaces de racines d’endives et de pommes de terre bio.
Une forte demande
Depuis, la part des légumes bio sur l’exploitation n’a cessé d’augmenter. L’assolement s’est d’abord enrichi de la betterave rouge, puis des oignons et des carottes. Thomas Coevoet a arrêté la production d’œufs bio en 2016, pour un problème d’organisation. Aujourd’hui, avec 50 ha de légumes, l’exploitation a doublé son chiffre d’affaires et s’appuie sur trois permanents et treize occasionnels pendant trois mois, pour assurer le désherbage et la récolte.
« L’année de vitesse de croisière pour l’exploitation, je ne connais pas, poursuit le producteur. Mon objectif est d’atteindre une bonne maîtrise technique pour chaque légume, afin de stabiliser la production en quantité et en qualité. Le problème est que pour maîtriser une nouvelle technique, il faut trois ans. » Si la production de légumes a pris une telle place sur la ferme, c’est parce que la demande est forte. Pour sécuriser son revenu, il a opté pour des productions à 100 % sous contrat, avec une quinzaine d’opérateurs différents, qui vont des entreprises de maraîchage aux grossistes et aux transformateurs industriels. Il compte, par exemple, parmi ses clients, Desmazières en pommes de terre, Agrial en carottes et d’autres agriculteurs, pour les racines d’endives.
Thomas Coevoet a aussi investi dans l’irrigation. « Je n’étais pas parti pour irriguer, indique-t-il. Mais pour l’oignon, c’est obligatoire. Et pour la carotte, c’est très difficile. »
L’irrigation pour sécuriser la production
En bio, l’opération la plus délicate est le désherbage. Pour maîtriser les mauvaises herbes, l’agriculteur picard combine binage, désherbage thermique et interventions manuelles. La prochaine étape sera sans doute le robot. La diversité des cultures oblige le producteur à investir dans des équipements très différents. « Pour limiter les charges, j’essaie d’acheter du matériel d’occasion ou en commun, indique-t-il. Mais le matériel d’occasion engendre plus de frais d’entretien. » Thomas Coevoet envisage aussi d’investir dans un frigo, car la location à l’extérieur est coûteuse.
Ce sont les carottes et les oignons qui permettent de dégager les chiffres d’affaires à l’hectare les plus élevés. « En oignon bio, par exemple, ils varient de 10 000 à 25 000 €/ha, mais nous apportons beaucoup de services aux clients, notamment en stockage et transport », ajoute l’agriculteur. La chambre d’agriculture des Hauts-de-France estime les charges de 9 500 à 11 000 €/ha et la marge directe, pour un chiffre d’affaires de 20 000 €/ha (rendement de 40 t payé 500 €/t), à 9 450 €/t avant stockage.
Même si le bio et la production de légumes de plein champ sont plus risqués qu’en conventionnel, Thomas Coevoet est très satisfait de son choix. « Ce que j’aime le plus, c’est me lancer de nouveaux défis techniques et manager le personnel. »