Le stockage des céréales est inscrit dans les gènes de la SCEA Coisnon. Située dans le Loiret, à Outarville, la ferme comprend 550 hectares de grandes cultures. Le grand-père, installé dans les années 1960, est à l’origine des premières cellules de stockage mises en place parallèlement à l’activité de négoce Cérébeauce, qui commercialise aujourd’hui environ 10 000 tonnes de grains auprès de Beauce Gâtinais Céréales.

« Ces cellules demeurent fonctionnelles mais ne sont plus adaptées au débit des chantiers d’aujourd’hui », souligne Paul Coisnon, 29 ans, salarié de l’exploitation familiale. Son père, Pierre Coisnon, 59 ans, est le chef d’exploitation actuel. Lorsqu’il a repris la ferme, il a fait construire le silo métallique qui trône aujourd’hui au milieu de la cour. D’une capacité de 1 600 t, il centralise le stockage de toute la ferme et des productions de la dizaine d’agriculteurs qui fournissent le négoce. Tri et traitement sont réalisés au moment du passage en silo.

En 2014, le besoin de collecte supplémentaire pour environ 2 500 tonnes se fait sentir. « On s’est rendu compte que les agriculteurs ne voulaient plus avoir à faire la queue pour livrer », explique Paul. L’investissement dans des cellules extérieures avec fosse et élévateur est mis en concurrence avec un stockage plus rudimentaire à plat, nécessitant toutefois la construction d’un nouveau bâtiment. Entre la décision et la réalisation, le projet aura nécessité dix mois. En 2017, le bâtiment de stockage à plat accueillait ainsi sa troisième collecte.

350 000 € pour stocker à plat

La construction de cellules extérieures aurait coûté un million d’euros. Pour les mêmes capacités à plat, l’investissement s’est élevé à 350 000 € bâtiment et ingénierie civile compris. C’est la société Cofracor, dont le bureau d’études est situé dans l’Essonne, qui a suivi le chantier. « Le stockage à plat permettait davantage de polyvalence. Nous stockons également les engrais, cela représente environ 20 € de moins à la tonne que les big-bag et c’est une activité que l’on pourrait développer commercialement », note l’agriculteur.

Le bâtiment, conçu pour une capacité de 2 800 tonnes de blé (2 200 tonnes d’orge), dispose de trois cases. Une première de 1 400 tonnes avec un dispositif d’aération par caniveaux enterrés et recouverts de plaques métalliques. Ces gaines, réfléchies dès la conception, coûtent plus cher en génie civil, mais facilitent la manutention et la gestion de l’aération et du refroidissement. Les deux autres, de 700 tonnes chacune, ont été conçues sans aération afin de pouvoir accueillir les engrais, une fois le grain évacué vers le silo principal.

Coté manutention, à la réception, il faut un télescopique à journée complète auquel s’ajoute le temps de déstockage. « L’objectif est de proposer du stockage brut en sortie de champs. L’avantage de l’orge est qu’on mélange tout. On pèse et on prélève un échantillon pour chaque remorque à la livraison », indique Paul Coisnon. Dès que possible, le grain stocké à plat est évacué vers les cellules.

Les conseils après usage

« Le grain stocké à plat n’est pas traité contre les insectes, c’est au passage en cellules que nous gérons cet aspect », remarque Paul Coisnon, qui incite aussi à être vigilant sur la dératisation. En termes d’humidité, le bâtiment souffre aujourd’hui de son exposition aux vents dominants. Il faut, par exemple, bâcher les tas d’engrais soufré pour éviter qu’ils se solidifient.

Le bâtiment a nécessité l’obtention d’un permis de construire. Il faut prévoir un accès pompier et respecter la norme Atex (atmosphère explosive) pour l’électricité, obligatoire pour le stockage d’engrais. Il est aussi important de prévoir un local technique, pour gérer de façon optimale l’électricité, la ventilation et le contrôle des températures. L’aération de la grande case est gérée grâce à des regards extérieurs en tuyaux PVC. Elle est déstockée d’un côté à l’autre afin de fermer les quatre vannes d’aération au fur et à mesure. Les Coisnon ont, par ailleurs, mis en place devant le bâtiment une dalle béton qui permet un déchargement au sol, afin là encore de faciliter la collecte.

« Il est important de bien calculer les largeurs et hauteurs de porte pour éviter les coins qui rendent la manipulation difficile et nécessitent d’être nettoyés manuellement, » conseille Paul Coisnon. Une fois les bastaings avant fermés, il faut aussi penser à un tapis ou à un projecteur pour finir de remplir les cases.