Depuis sept ans, Étienne Raulet a remplacé « le métal par le végétal ». Au fil du temps, ses rendements avaient, en effet, fini par plafonner avec une baisse d’efficacité de la « chimie », liée, entre autres, à des phénomènes de résistance. Parallèlement, ses sols étaient moins fertiles. « Tous nos repères se sont effondrés, ajoute-t-il. Il a fallu trouver un nouveau système tout en gardant un raisonnement économique de rentabilité, et plus résilient aux à-coups climatiques. »

Un maximum de couverture

Pour redonner vie au sol, l’agriculteur a arrêté de travailler sa terre et la couvre au maximum tout au long de l’année. « Cette agriculture de conservation est régénératrice et permet d’augmenter la fertilité de la terre en stockant du carbone, tout en renchérissant la vie du sol et le taux d’humus », estime-t-il.

 

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Ainsi, Étienne a mis en place des engrais verts. En se dégradant, leur biomasse apporte de la matière fraîche aux organismes présents dans le sol. Cela favorise, entre autres, la présence des vers de terre, qui drainent verticalement, amènent l’humus plus en profondeur et rendent, par exemple, le phosphore et la potasse assimilables. « Le sol, c’est comme un frigo qu’on aurait vidé au fil des années, et qu’il faut de nouveau remplir, grâce notamment aux couverts à base de légumineuses », ajoute l’exploitant.

 

Glyphosate réduit

Derrière le colza, comme l’interculture est courte, il laisse les repousses qui « font un très bon couvert gratuit ». Puis, la veille d’implanter le blé, 0,6 à 1 l/ha de « Roundup banalisé » est appliqué. « Le semis direct ne bouleverse que la ligne de semis et le couvert continue de couvrir le sol, donc, évite la levée des mauvaises herbes. Cela permet de diminuer l’emploi de désherbants et, par conséquent, de réduire les coûts de production », appuie Étienne.

Aussitôt les récoltes de blé, d’orge de printemps ou de pois de printemps finies, les pailles sont, si nécessaire, broyées ou enlevées. Pendant qu’il y a encore un peu de fraîcheur dans le sol, il sème de suite ses engrais verts (lire l’infographie ci-contre). « Ces dernières années, il y avait toujours un orage qui assurait la levée mais, depuis peu, c’est plus compliqué, rappelle-t-il. Cependant, en augmentant le taux d’humus avec nos couverts, la réserve utile d’eau augmente aussi et offre la possibilité de mieux résister aux sécheresses. »

 

Si au début « pour rééquilibrer le sol », l’agriculteur avait fait le choix d’implanter 100 % de féveroles, il a, au fil du temps, opté pour un mélange avec au moins la moitié de légumineuses. « Il ne faut pas dépasser 30-40 €/ha, considère ce dernier. Or, la semence de féverole étant passée de 180 à 350 €/t en dix ans, je me vois obligé de la remplacer au profit d’une autre espèce, moins chère. Mais l’idée demeure la même en variant les familles de plantes, les systèmes racinaires, les hauteurs, les périodes de levées… de façon à obtenir une biomasse d’au moins 5 t/ha et, de cette manière, accroître la fertilité des sols. »

En revanche, il associe encore à ses colzas de la féverole (et du lin). Cela aide notamment à contrer les altises au début du cycle de la crucifère.

L’exploitant a, petit à petit, reculé la date de destruction de ses couverts jusqu’à fin décembre. Il passe alors une dose réduite de glyphosate (1,5 l/ha), complétée d’un antidicotylédone en microdose. La destruction du couvert est un peu plus longue, mais elle reste efficace.

« Les années prouvent que j’ai fait les bons choix avec des sols de plus en plus sains et des rendements en hausse », résume Étienne, qui a toujours sa bêche à portée de main pour vérifier l’état de son sol.

C. F.