Lancée dans les années quatre-vingt, l’exploitation familiale, à Cofféry en Seine-et-Marne, reprise par François Doucin en janvier 2008, cultivait initialement du blé, du pois de printemps, du tournesol, du maïs et du lin. Rapidement, le maïs et le lin ont été ôtés des rotations. Le premier à cause du manque de main-d’œuvre, de matériel (de semis et récolte) et des rendements en baisse ; le second sur demande du teilleur.
Fin des années 90 : Installation de « l’Aphanomyces »
Le pois de printemps a, quant à lui, dû être abandonné, à la fin des années quatre-vingt-dix, en raison de l’installation d’Aphanomyces euteiches, à l’origine du dépérissement du pois. « La région était l’une des premières à cultiver cette légumineuse dans les années quatre-vingt, initiée par ma coopérative agricole de Béton-Bazoches », explique l’agriculteur, qui fait partie d’un groupement de développement agricole (GDA). La multiplication de la production a favorisé l’implantation et la progression du pathogène, menaçant ainsi les cultures. Enfin, le tournesol a dû être délaissé en 2013, à la suite de dégâts d’oiseaux de plus en plus fréquents et intenses, et compte tenu des défauts de levée récurrents.
Les blés sur blés, réalisés sur huit ans, malgré deux têtes de rotation en culture de printemps, ont déclenché des infestations de graminées. Aujourd’hui, François doit faire face à un important salissement de ses parcelles.
Pour varier les substances actives utilisées en traitement et appliquer d’autres modes d’action herbicide, il a continué d’inclure des légumineuses. L’ajustement de ses rotations lui permet ainsi de limiter les risques agronomiques et de stabiliser ses rendements, mais également d’étaler sa charge de travail.
Pour remplacer les pois de printemps, il a fait le choix d’intégrer, pendant quelques années, de la féverole de printemps, désormais arrêtée depuis 2017. Cette légumineuse a subi, pendant à plusieurs reprises, des attaques de bruches, et l’appauvrissement en insecticide a rendu presque impossible le maintien des rendements. Ces derniers n’étaient pas non plus au rendez-vous, en 2016 et 2018, lorsque de la féverole d’hiver a été implantée. La première année, les conditions climatiques du mois de mai ont été très humides, obligeant l’exploitant à renforcer sa stratégie de traitement, et faisant, par conséquent, grimper son enveloppe fongicide. En 2018, les pluies, au moment du semis, ont provoqué des problèmes de battance entraînant un défaut de levée ainsi que l’implantation de morelles.
François introduit à présent du pois d’hiver en remplacement. Par ailleurs, la luzerne, mise en place sur 5 ha en 2016 et 2017 pour un collègue éleveur, a permis une coupure de blé. La production a dû être arrêtée l’année suivante du fait de l’inondation de la parcelle, mais a eu des effets bénéfiques visibles sur les blés semés cette année.
De nouveaux atouts
Depuis 2018, François cultive du soja sur ses parcelles. Celui-ci lui offre maint avantages : moins de risques ravageurs et de maladies. De plus, il a la possibilité de réaliser un désherbage mécanique. L’agriculteur a commencé par en implanter 5 ha, puis 10 ha cette année, et prévoit 15 ha pour la prochaine campagne après un maïs.
Les terres étant difficiles à travailler au printemps, le soja évite à l’exploitant une charge de travail supplémentaire en semant en mai. Il profite aussi d’une période plus creuse pour la récolte, puisqu’elle s’effectue fin septembre, début octobre, avant celle des maïs.
Ses rotations sont assez longues et s’étalent généralement sur quatre à sept ans. Quand les conditions sont idéales, il laisse environ six ans entre deux légumineuses, sauf cette année où il enchaîne du soja à la suite d’une féverole, car il serait moins sensible à l’Aphanomyces.
Mélanie Béranger