Le soja est présent depuis 2015 chez Samuel Proffit, agriculteur à Mareuil-sur-Ourcq (Oise). « Nous recherchions une nouvelle tête de rotation pour remplacer la féverole, dans l’impasse après le retrait d’insecticides efficaces sur bruches. De plus, les rendements plafonnaient à 40 q/ha, avec des cours à 180 €/t, ce qui ne payait plus tous les frais », précise-t-il.

Apport d'azote

Or Samuel avait assisté l’année d’avant à une conférence sur le soja avec la chambre d’agriculture de l’Aisne. Comme d’autres agriculteurs, il s’est donc lancé. Ce protéagineux a donné de meilleurs résultats sur sa zone, au sud-est de l’Oise, que plus au nord. En outre, la coopérative Valfrance a racheté sa récolte. Un projet Feader a aussi vu le jour.

« Le blé qui a suivi a mieux réussi qu’après féverole (+10 q/ha). Et le soja apportant de l’azote à la culture qui suit, la céréale a été aux normes sans problème. J’ai ainsi pu économiser cet élément », complète l’agriculteur. Cela lui permet aussi d’étaler ses chantiers de semis (entre la fin d'avril et la fin de mai) et de récolte (de la mi- à la fin de septembre). « Avec en moyenne 20 q/ha, la trésorerie enclenchée est deux fois moindre que pour les autres cultures pour un chiffre d’affaires équivalent », appuie-t-il.

Peu d’intrants

Les pigeons, et dans une certaine mesure les limaces, posent certes des problèmes. Mais avec un retour tous les 5-6 ans dans la rotation, il n’y a ni maladies, ni insectes à signaler. Le protéagineux demande malgré tout un passage de Prowl 400, parfois complété d’un produit de rattrapage. Avec normalement une couverture du sol complète durant tout l’été, ainsi qu’une famille d’antigraminées différente, cela présente un réel intérêt pour la gestion des adventices dans la rotation. La récolte ne nécessite par ailleurs pas de matériel spécifique. Et Samuel n’a jamais eu à sécher le soja, contrairement au tournesol.

Il a opté pour des variétés « 000 » (très précoce), essentiellement en semence fermière, afin de réduire les coûts. Samuel sème toutefois tous les ans une partie en certifiées afin de renouveler la génétique. Cette année 6 ha seulement ont été semés — contre 10 à 15 ha habituellement — du fait d'une récolte insuffisante de semences de ferme en 2022 : alors qu'il n'avait jusqu’alors jamais eu de soucis, le soja a levé puis n’a jamais eu suffisamment d’eau. « Les gousses étaient basses, donc non récoltables. Du jamais vu ! », fait-il part. En revanche, le blé qui a suivi a tout de même eu tous les bénéfices du soja.

Conditions atypiques

En 2023, les conditions climatiques à nouveau atypiques (vent d’est, pluies intenses puis croûte de battance) ont nécessité un ressemis. Mais ensuite, le soja a manqué d’eau. Les levées très échelonnées le font se questionner sur la récolte : « on est au seuil de retournement mais je préfère le garder car je ne peux rien implanter derrière. Je vais certainement récolter les ronds et passer ensuite du glyphosate », confesse-t-il.

Avec l’arrivée d’une unité de méthanisation, et donc de production de Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique), Samuel Proffit n’a pas prévu de faire du soja en 2024. Toutefois, il pense en semer en 2025… Car « il y a un tel bénéfice à l’échelle de la rotation, qu’on ne peut pas le bannir ! ».