La situation agricole ukrainienne est bouleversée à bien des égards par l’agression Russe sur son sol. Mercredi 15 février 2023, l’Académie d’agriculture a voulu s’arrêter sur la question des semences. Essentiel dans la chaîne de production agricole du pays, le secteur subit des secousses à plusieurs niveaux.

La recherche locale entravée

Pour illustrer ces difficultés, Jean-Jacques Hervé, membre de l’académie et spécialiste de l’Ukraine et de la Russie, a relaté un épisode éloquent de la guerre : « Depuis le 14 mai 2022, on sait que les Russes ont détruit le Centre national de ressources génétiques de l’Ukraine où était conservée une large partie du patrimoine génétique de l’ex-URSS. » En plus de cet évènement à forte symbolique, Jean-Jacques Hervé a ensuite détaillé les conditions précaires des chercheurs, restés dans d’autres centres de recherche semenciers ukrainiens.

La France très implantée

Si la recherche est en difficulté, c’est toute l’industrie des semences qui subit les effets de la guerre. Et sur ce point, les semenciers français qui sont présents en Ukraine sont en première ligne. Parmi eux, Euralis, RAGT, Maïsadour ou encore Limagrain qui était représenté par le président de la branche locale Viktor Karbivskiy. « Les disponibilités pour les semis de blé d’hiver étaient satisfaisantes mais c’est plus incertain pour les semis de blé de printemps et de tournesol », constate-t-il.

La croissance agricole ukrainienne d’avant-guerre avait amené de nombreuses entreprises semencières françaises à investir sur place. Investissements aujourd’hui à risque. Laurent Perrin, de Semae (l’interprofession des semences et plants), a rappelé l’importance des évènements en Ukraine, pour les exportateurs français. « l’Ukraine est le sixième client de la France mais la guerre a fait baisser les flux de l’ordre de 35 % », regrette-t-il. Lui aussi entrevoit d’ailleurs les semis de printemps comme une inquiétude, notamment avec la chute des surfaces.

Des stocks à revendre

L’Ukraine est un utilisateur important de semences, mais il faut compter avec sa puissance exportatrice précise Laurent Perrin : « L’Ukraine avait obtenu l’équivalence communautaire pour exporter des semences de maïs vers l’Europe. Les stocks importants des entreprises semencières cette année sur place à cause de la guerre devraient permettre de fournir des quantités importantes sur le marché européen ». Ajoutant que des démarches similaires sont en cours pour le tournesol.