Composée de douze cellules, d’un séchoir et d’un bâtiment pour la réception et le tri, semblable à une petite coopérative, la nouvelle installation de Didier Lambin et de son fils Frédéric se repère de loin dans le paysage champenois.
Implantés à Coupéville, dans la Marne, ces agriculteurs ont investi dans une solution de stockage « clé en main » fournie par AgriConsult, comprenant notamment un trieur rotatif et un trieur optique quatre couleurs. En polyculture sur 310 hectares, ils pratiquent l’agriculture biologique depuis plus de vingt ans. Mais ils n’ont décidé de convertir l’intégralité de l’exploitation qu’il y a environ cinq ans. « Je voulais être sûr que le bio fonctionne en champagne et sans élevage », confie Didier.

De l’expérience dans le tri
En plus des cultures classiques de la région, ces agriculteurs produisent du lentillon de Champagne (lire l’encadré) associé avec du seigle. Cette plante est d’ailleurs à l’origine de la première installation de tri. En effet, ils ne sont pas néophytes dans le domaine puisqu’une structure complète est présente depuis 2004 au sein de la ferme.
L’investissement alors réalisé avec plusieurs exploitants se compose d’une table densimétrique, d’un trieur rotatif et d’un trieur alvéolaire. « En 2012, nous l’avons perfectionné avec l’arrivée d’un trieur optique deux couleurs (noir et blanc).

Ce système est plutôt complet mais n’a pas été dimensionné et étudié pour passer des gros volumes. Son but était surtout de séparer le lentillon du seigle et d’assurer des graines sans impuretés ou adventices. Il nécessite beaucoup de manutention et nous ne pouvions pas trier au moment de la moisson. » Le stockage aussi était limité. Didier et Frédéric livrent alors à une coopérative bio, via des camions chargés à la ferme. « Faute de camions, nous avons dû nous arrêter de battre pendant deux jours en 2019. C’est frustrant. Ce fut l’une des raisons pour investir dans notre propre installation. »

1,3 M€ d’investissement
Livrée en 2020, la nouvelle installation a pris place à 1 km de l’exploitation, au milieu des champs. « Nous voulions éviter les désagréments pour le voisinage, comme la poussière ou le bruit lorsque l’on ventile la nuit. » Elle a été pensée dans sa globalité dès le début. Elle possède 12 cellules de 100 t, un pont-bascule, un boisseau de chargement et de la place pour le passage des semi-remorques. Elle est également équipée pour trier grâce à un modèle rotatif Marot et un trieur optique quatre couleurs. « Ici, le trieur rotatif possède assez de débit pour passer la récolte pendant la moisson. En éliminant les déchets avant le stockage, nous augmentons un peu la capacité et le grain est plus facile à ventiler. Nous gagnons également en efficacité car nous évitons de la manutention », explique Didier.

Un second trieur optique
« Notre nouveau trieur optique est plus performant. Il n’offre pas davantage de débit mais une meilleure qualité de tri. Cependant, pour séparer le seigle du lentillon, nous passons d’abord par le trieur alvéolaire. C’est la meilleure solution pour séparer les graines longues des rondes. Le trieur optique nous sert plutôt en finition, pour éliminer les graines de céréales cassées ou celles très proches du lentillon, comme la gesse. »
Le lentillon est vendu en direct, mais avec la qualité de tri atteinte, les autres produits peuvent partir en camions directement vers la transformation et n’ont pas besoin de repasser par la coopérative. « Ainsi, nous pouvons vendre un peu plus cher, se félicite Didier. Nous avons également investi dans un séchoir. L’idée est d’être le plus autonome possible. Nous proposons une prestation de service intégrale, mais développons aussi d’autres cultures sur la ferme comme le chènevis (graines de chanvre), qui nécessite un séchage dans les trois heures après la récolte.
Pierre Peeters