Un ministre qui remercie par lettre les agriculteurs pour leur travail permettant « une alimentation de grande qualité » : le fait est suffisamment rare pour être noté, surtout après les attaques dont le secteur a été l’objet. Et si le gouvernement a également signifié sa reconnaissance aux différents acteurs de la chaîne alimentaire, ce n’est pas un hasard.
Car sans chauffeurs pour collecter le lait, ni ouvriers pour travailler dans les usines agroalimentaires ou pour produire des emballages, à défaut de routiers pour acheminer les produits à travers tout le pays et sans caissières dans les supermarchés, l’accès à la nourriture que beaucoup estimaient jusque-là évident, ne le serait plus du tout. Et des filières entières en pâtiraient, à commencer par les paysans qui ne pourraient plus écouler leurs produits périssables.
Après les soignants en première ligne, les agriculteurs, leurs salariés et toutes ces professions insuffisamment considérées sont les combattants indispensables pour assurer les besoins essentiels de la population, à commencer par ceux des « premiers de cordée » chers au chef de l’État.
En période de crise, la hiérarchie des valeurs peut s’inverser… Personnel à pied d’œuvre et logistique fluide sont donc le nerf de la guerre ! Reste que la santé des gens ne se commande pas. « Si le transport tombe, tout tombe », explique ainsi un responsable de coopérative. Pour avoir de la nourriture, tout doit fonctionner de l’amont à l’aval. Pour l’instant, l’approvisionnement en produits d’agrofourniture ou d’alimentation du bétail ne pose pas trop de problèmes, mais qu’en sera-t-il dans les semaines à venir ?
Le transport des céréales est parfois déjà perturbé (lire p. 16). Et l’accès aux pièces détachées pour le matériel pourrait se compliquer alors que la plupart des usines européennes ferment. Quant aux vétérinaires, ils réduisent leurs déplacements. Concernant les bras disponibles, des maraîchers pâtissent de la pénurie de travailleurs saisonniers, notamment étrangers compte tenu de la fermeture des frontières. Des solutions alternatives locales sont proposées par la profession qui demande des assouplissements. 200 000 emplois sont, en effet, à pourvoir en agriculture dans les trois mois. Le ministre de l’Agriculture fait d’ailleurs appel aux serveurs de restaurants, coiffeurs ou hôtesses d’accueil d’hôtel actuellement sans activité car confinés.
Souhaitons qu’il soit entendu ! Car tout doit être mis en œuvre pour que l’ensemble des entreprises puissent poursuivre leur activité dans le respect des règles de sécurité sanitaire.