Patrick et Bénédicte Dagorret sont éleveurs de canes à rôtir à Irissarry au Pays basque (Pyrénées-Atlantiques). Ils élèvent et vendent en direct environ 6 000 canes par an (par bandes de 600). Leur exploitation est une des « fermes pilotes » retenues pour l’expérimentation annoncée en juillet 2023 par le ministère de l’Agriculture. Le but est d’identifier et d’évaluer des mesures de biosécurité spécifiques aux élevages plein air en filière avicole (confrontée à l’influenza aviaire), mais aussi porcine (confrontée à la peste porcine).
Évaluation des pratiques
Tout se met en place pour rassembler un maximum de données, évaluer scientifiquement l’efficacité des pratiques, juger de leur pertinence et mesurer le risque : « Nous avons commencé par un échange téléphonique pour présenter notre ferme et discuter en quoi nous respectons ou pas la réglementation », résume Patrick Dagorret. Effectivement, tous les éleveurs ne suivent pas à la lettre toutes les normes de biosécurité et certains « font des adaptations », voire de la « résistance ». « Puis des agents vont analyser nos pratiques par rapport au sas sanitaire, à la désinfection, la mise à l’abri ou encore les passages de personnes, poursuit l’éleveur. Un vétérinaire donnera son avis sur la cohérence de nos installations. Nous poursuivons notre travail comme d’habitude. »
Au final, les éleveurs espèrent voir évoluer les exigences sanitaires : « Depuis toujours, nous expliquons que les petits producteurs autarciques représentent moins de risque de propagation de la grippe aviaire et nous militons pour obtenir une réglementation spécifique », rappelle l’agriculteur syndiqué ELB (Confédération paysanne). Pour Patrick Dagorret, il s’agit de préserver la pratique du plein air, mais aussi de déroger à la désinfection systématique à chaque sortie de lot : « Il y a trop d’aseptisation. Nous voulons que nos canards de race rustique développent leur immunité. » L’éleveur évoque d’autres besoins, comme clarifier les pratiques de compostage des volailles mortes, car « l’équarisseur coûte trop cher ». Quant au ministre de l’Agriculture, il communiquait cet été que « ce projet devra aboutir à la formulation de recommandations d’évolutions, y compris réglementaires ». L’expérimentation s’achèvera à la fin de mai 2025.